Fanny GDALEWICZ

1927-2011 | Naissance: | Résidence:

Fanny GDALEWICZ (1927-2011)

 

Ce travail est le résultat des recherches menées par une élève du lycée Simone Weil à Paris dans le 3e arrondissement, Clara Demurtas, sous la direction de Mme Charbit. Il s’agissait d’écrire la biographie de Fanny Gdalewicz, déportée à l’âge de 17 ans par le convoi 77 du 31 juillet 1944.

Fanny habitait avec ses parents Fiszel et Mechel, sa sœur Madeleine et son frère Jankiel au 14 Cité Dupetit-Thouars, près du Carreau du Temple, à deux pas de notre lycée avant sa déportation.

Nous avons choisi de nous placer dans une perspective de recherche qui prend plus particulièrement en compte le quartier et l’environnement de Fanny Gdalewicz, avant, pendant et après la guerre. Pour cela, nous avons utilisé les travaux de Maël Le Noc, qui portent principalement sur les dimensions spatiales de la Shoah et explorent les effets de la persécution antijuive sur la géographie quotidienne de deux quartiers Parisiens, les Arts-et-Métiers et les Enfants-Rouges (AMER)[1], le second étant celui de la famille Gdalewicz. L’étude menée par l’historien Laurent Joly sur la rafle du Vel d’Hiv, en particulier dans le 3e arrondissement de Paris[2] a également retenu notre attention pour la rédaction de notre biographie. Le travail statistique d’Annaëlle Riou sur les déportés du convoi 77 a également fourni une base de données intéressante pour notre propos.

 

Une enfance dans le Yiddishland parisien

Jusqu’à la fin des années 1920, ce qu’on surnomme le yiddishland parisien, soit un espace compris entre les 3e, 4e, 11e et 20e arrondissements, est peuplé pour l’essentiel de juifs d’origine russe ou séfarade de Turquie. Ce sont des gens de petite condition qui exercent ce qu’on appelait alors des « métiers juifs » : tailleurs surtout, mais aussi culottiers, casquettiers, brocanteurs, marchands ambulants, maroquiniers etc. Les juifs polonais commencent à s’installer à Paris vers 1921-22, pour vérifier l’adage « Gliklekh vi Gott in Frankraych »[3].

Les immigrants polonais des années 1920 sont en situation régulière, ce qui ne sera plus le cas de ceux qui arrivent à partir du milieu des années 1930. Les Gdalewicz, Fiszel et Mechel, sont arrivés entre 1921 et 1924. Ils sont tous deux originaires de Latowicz, un petit village de Mazovie situé à une soixantaine de kilomètres de Varsovie. Au recensement de 1921, il y a 416 habitants juifs sur un total de 1763, soit 23% de la population[4]. Leur fils aîné, Jankiel, est né en 1919 à Varsovie. Ils possèdent une carte d’identité de travailleur étranger et restent soumis à une surveillance tatillonne de la part de la Préfecture de police, qui va aller croissant jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale. L’antisémitisme n’est pas absent du paysage des Gdalewicz : en 1933, dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur de l’époque, le maire du 3e arrondissement, se plaignant de l’afflux de Juifs allemands exilés suite à la prise de pouvoir d’Hitler les qualifie de « déchets humains, inassimilables et moralement dangereux, colportant les théories de Freud »[5].

Le couple s’est d’abord installé au 24 rue du Figuier dans le IVe arrondissement et Jankiel est reconnu à l’état civil dans cette mairie le 19 septembre 1924. Fiszel et Mechel se marient civilement le 20 décembre de la même année. Cette rue n’a rien à voir avec ce qu’elle est aujourd’hui : à l’époque, elle fait partie de l’îlot insalubre n°16, désigné comme tel en 1921. Le numéro 16 correspond à son rang au sein des 17 îlots insalubres classés par ordre d’urgence, en fonction du taux de mortalité par tuberculose entre 1894 et 1918. Il s’agit donc un quartier très pauvre et dégradé, où l’on comptera jusqu’à 20% de foyers juifs à la veille de la guerre, brutalement expulsés et déportés entre 1942 et 1944.

Leur second enfant, Madeleine, naît en 1925 à l’Hôpital Rothschild dans le 12e arrondissement, dont la maternité a vu venir au monde des générations d’enfants issus de l’immigration juive parisienne, avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

Fanny Gdalewicz est la dernière-née, le 22 avril 1927. La volonté d’intégration des parents, qui maîtrisent mal le français et évoluent en circuit fermé tant sur le plan professionnel que culturel , se lit dans l’attribution de prénoms français à leurs filles, ainsi qu’à leur naturalisation par déclaration dès 1930, en respectant rigoureusement le délai le plus court possible qui permet à des parents étrangers dont les enfants sont nés en France de les déclarer français au terme de trois ans de résidence sur le territoire national[6]. Quant aux parents, ils restent de « nationalité indéterminée d’origine polonaise », selon la terminologie administrative française. En d’autres termes, ils sont apatrides, à cause d’une loi du gouvernement polonais édictée en 1938 qui prive de leur nationalité tous les ressortissants partis de Pologne depuis 5 ans et plus, cette mesure visant plus particulièrement les Juifs.

Pour comprendre dans quel environnement socio-économique les Gdalewicz évoluent avant la guerre, nous avons à notre disposition les recensements parisiens conservés par les archives départementales de Paris pour les années 1926[7] et 1936[8]. Il y a une lacune pour le quartier des Enfants-Rouges pour le recensement de 1931. Ces registres classent les habitants par arrondissements, quartiers et rues, numéro par numéro. Tous les habitants du logement sont listés et le recensement consigne la date de naissance de chacun, sa profession, sa nationalité, le lien de parenté qui les unit aux autres membres du foyer. Comme il s’agit d’un acte déclaratif – les habitants déclarent et épellent leur nom, dans un français parfois approximatif et sans vérification d’identité a posteriori par les agents du recensement – , il peut y avoir des différences d’un recensement à l’autre. Ainsi, la mère de Fanny possède une date de naissance et un prénom différents de son état civil[9] dans le recensement de 1936 : elle apparaît sous le prénom de « Sura », née en 1892 .

Ces recensements permettent de voir l’évolution du quartier, et dans le cadre de notre recherche, ils nous ont notamment permis de connaître approximativement la date d’arrivée des Gdalewicz au 14 Cité Dupetit-Thouars dans le IIIe arrondissement. Absents à cette adresse au recensement de 1926, leur emménagement a eu lieu au cours de l’année 1928, la concierge attestant la présence de la famille à cette adresse à partir d’avril 1928, dans des documents d’après-guerre. Nous avons également cherché à savoir si les Juifs forment une communauté importante dans ce quartier et dans cette rue en particulier et quelles étaient leurs origines et professions dans la période de l’entre-deux-guerres.

Si l’on s’en tient à la Cité Dupetit-Thouars, il est intéressant de constater que les familles juives sont présentes en nombre, et se concentrent du côté impair de la rue. En 1926, avant l’arrivée des Gdalewicz, dans chaque immeuble, on recense deux à trois foyers juifs sur une vingtaine d’appartements à chaque numéro impair de la Cité. Ce sont des immeubles modestes à façade en plâtre de quatre étages situés au-dessus d’entrepôts et d’ateliers. Le percement de cette venelle large de quelques mètres et longue de 130 mètres date de 1841 . Ils exercent pour la plupart des « métiers juifs ». Les juifs de nationalité russe sont assez nombreux, et la deuxième nationalité représentée sont les Polonais. Du côté pair, il n’y a aucun foyer dont les habitants portent des noms à consonance juive aux 2, 4, 6, 12. Il s’agit d’immeubles en pierre de meilleur standing que du côté impair . Il y a un seul foyer juif sur les 59 occupants au numéro 8 et 2 occupants sur 19 au numéro 14, l’immeuble où s’installe la famille Gdalewicz deux ans plus tard.

La mère de Fanny meurt de maladie à l’âge de 31 ans en 1936, mais sa présence est encore mentionnée au foyer lors du recensement effectué cette année-là. Elle est donc décédée juste après le recensement.

Le recensement de 1936 fait apparaître des changements notables dans le quartier. La présence de foyers juifs y est bien plus importante que dix ans auparavant, et singulièrement dans la Cité Dupetit-Thouars. Côté impair, aux n°5, 7 et 9 , le nombre de foyers juifs a doublé par rapport à 1926. Au numéro 11, les chefs de famille de 7 foyers sur 9 ont des noms à consonnance juive. Ce sont les immigrés juifs originaires de Pologne qui dominent cette fois et de nombreux noms sont nouveaux, ce qui signale une arrivée récente, au cours des années 1930[10].  Pour les numéros pairs, on retrouve à peu près la même configuration que pour l’année 1926, à savoir une absence de foyer juif au 2 (sur 25 occupants), et au 4 (sur 14 occupants). En revanche, sur les 55 foyers que compte le numéro 6, il y en a 7 dont les noms des chefs de famille sont à consonance juive. Aucun n’est naturalisé et leurs métiers sont typiques encore une fois d’une immigration récente. Au numéro 8 résident 15 occupants et leurs familles dont 9 noms à consonance juive. Au numéro 12, 5 foyers sont juifs sur les 30 que compte l’immeuble. Le 14 compte 20 foyers dont 4 probablement juifs. Seuls les enfants de ces familles ont la nationalité française. On ne compte presqu’aucun naturalisé parmi les adultes. Ils sont tous d’origine polonaise. Pour le foyer Gdalewicz, apparaissent les noms de Fiszel, recensé comme tailleur né en Pologne en 1894, de son épouse Sura , couturière née en Pologne en 1892, de Madeleine née à Paris en 1925 recensée comme polonaise et non française. Fanny, née en 1927, de nationalité française apparaît également dans ce recensement. Leur grand frère Jankiel, né en 1919 en Pologne n’est pas mentionné, alors qu’il n’a que 17 ans en 1936. Tailleur lui aussi, selon sa fiche de déportation[11], il a probablement été émancipé très jeune et réside ailleurs dans Paris. Au 14 , on trouve aussi la famille Guy, qui n’était pas présente dix ans auparavant : le père de famille, Charles-Edouard Guy est maçon et son fils Fernand, né en 1924, est recensé comme tailleur. Il épousera Madeleine Gdalewicz après la guerre, en 1946. Ils auront un fils prénommé Serge, né en 1947.

Petite fille, Fanny est scolarisée à l’Ecole primaire Béranger au numéro 3 de la rue éponyme. Comme de nombreuses filles élevées au sein de foyers modestes, elle est au travail dès l’âge de 14 ans comme couturière, à l’exemple de sa grande sœur Madeleine. L’ensemble de la famille travaille donc dans le secteur textile. À cette époque, la population juive se compose de journaliers, de colporteurs, d’artisans et de commerçants. Les femmes quant à elles sont couturières ou brodeuses, la plupart du temps à domicile. Il n’y a guère de séparation entre les activités professionnelles et domestiques, et les appartements se composent généralement de deux pièces, sans commodités. Les conditions de vie sont donc difficiles.

La Cité Dupetit-Thouars de 1940 à 1944

Pendant l’occupation, explique Maël Le Noc dans son étude sur les persécutions juives dans le quartier des Arts-et-Métiers et Enfants-Rouges , « les commissariats de quartiers parisiens ont soigneusement consigné les traces du processus de fichage des Juifs auquel ils étaient associés »[12]. Si la majorité de ces archives furent détruites après la guerre, le commissariat de ce quartier a conservé ses archives, et notamment les listes du recensement racial d’octobre 1940, la liste des foyers qui possèdent une TSF à confisquer en septembre 1941 et celle de la distribution des étoiles jaunes de juin 1942. Il y a aussi la liste de ceux qui ont fait apposé un tampon « Juif » sur leurs cartes d’alimentation en janvier 1943. Ces documents ont été versés aux fonds des Archives de la Préfecture de police[13] . C’est donc un quartier particulièrement intéressant à étudier.

Le recensement de 1872 avait été le dernier à indiquer la religion des habitants, avant celui d’octobre 1940. À Paris en 1940, la population juive sur la foi de la consonance des noms de famille, représente environ 1,5 % de la population totale. Cependant, dans le 3e arrondissement, la population de confession juive représente près de 15 % des habitants. Pour les quartiers Arts-et-Métiers et Enfants-Rouges, l’identité juive de certaines rues et lieux est notable. On pense notamment à la rue Notre-Dame de Nazareth où se trouve une synagogue et les rues adjacentes au Carreau du Temple dont fait partie la Cité Dupetit-Thouars. Dans ces deux quartiers, on recense 2851 juifs français et 2761 juifs étrangers au 20 octobre 1940, soit 16% de la population totale de ces quartiers, chiffre nettement supérieur à la moyenne parisienne. Pour la cité Dupetit-Thouars, Maël Le Noc a trouvé une densité de foyers juifs particulièrement élevée[14].

D’après les données du Mémorial de la déportation établi par Serge Klarsfeld, 1327 Juifs ont été déportés depuis les deux quartiers (sur les 5532 recensés au sein de 2150 foyers) et 89% d’entre eux ont pu être identifiés sur la liste raciale du recensement des Juifs d’octobre 1940. Cela représente un individu sur cinq. Le nombre des moins de 18 ans déportés du IIIe arrondissement dans son ensemble est très important (577 personnes)[15] . Fanny entre dans ce décompte puisqu’elle est âgée de 17 ans au moment de sa déportation. Au cours de ses recherches, Maël Le Noc a pu établir qu’ « entre octobre 1940 et août 1944, la population juive d’AMER (Arts-et-Métiers / Enfants-Rouges) a diminué d’au moins 85% sous l’effet conjugué des arrestations et des fuites. Le phénomène est particulièrement notable dans le quartier des Enfants-Rouges où l’intensité de la rafle du Vel d’Hiv a été moindre que dans le quartier Arts-et-Métiers. Au moins 3000 Juifs, pour moitié étrangers, ont tenté de fuir le 3e arrondissement ou de se cacher.

Il n’en reste pas moins que c’est au cours de cette rafle que Jankiel, le frère de Fanny et Madeleine et Fiszel, leur père sont arrêtés. L’historien Laurent Joly a étudié l’exécution et le déroulement des opérations des 16 et 17 juillet 1942 à l’échelle du quartier des Enfants-Rouges[16]. Le commissaire du 3e, Maxime Morisot dispose de 2675 fiches, pour un périmètre facile à circonscrire : « le 3e arrondissement est de loin, celui où la densité au mètre carré des Juifs « arrêtables » est la plus élevée de la capitale »[17]. Il mobilise pour cela 70 policiers et demande des renforts venus des 1er et 14e arrondissements, soit 312 « agents capteurs ».

Un garage de la rue de Bretagne sert de lieu de rassemblement. Cette rue est particulièrement passante, et les opérations se déroulent donc au vu et au su de tous, en face du marché couvert des Enfants-Rouges. Trois autobus sont mis à disposition pour faire le trajet vers Drancy ou le Vélodrome d’Hiver, dans le 15e arrondissement. Le 16 juillet à 4 heures du matin, explique Laurent Joly, « les policiers requis se présentent à leur commissariat – au siège de la mairie, 5 rue Perrée, pour le 3e arrondissement. Moins d’une heure plus tard, ils commencent à frapper aux portes »[18]. On ne sait ni si Jankiel est arrêté en même temps que son père au 14 Cité Dupetit-Thouars, ni s’ils sont transférés au Vel d’Hiv ou directement à Drancy. Au fil de la journée, les policiers se mettent aussi à arrêter des Juifs dans la rue, dans le métro. Les trois autobus de la RATP réquisitionnés n’y suffisent plus. On en fait venir d’autres, qui stationnent au métro Temple.

Dans Les guichets du Louvre, Roger Boussinot évoque cette terrible journée du 16 juillet 1942, alors qu’il sillonne le 3e arrondissement, en cherchant à aider les Juifs à passer sur l’autre rive de la Seine, pour échapper à la rafle. Son témoignage, précis et circonstancié permet de prendre la mesure de l’horreur de cette journée, au ras du bitume parisienne, là où la banalité de la vie quotidienne percute le caractère extraordinaire de la rafle, « un moment d’épouvante et de sidération dans la ville [19]».

Jankiel est déporté par le convoi n°7 qui part de Drancy le 19 juillet 1942 , tandis que Fiszel est déporté par le convoi numéro 9 parti de Drancy le 22 juillet 1942. Dans ce convoi , figurent également les deux parents d’Israël Grodnicki, futur époux de Fanny, tandis que sa sœur, Hélène Grodnicki épouse Rajchgod, le mari de celle-ci Hersz et Daniel Rajchgod, le jeune frère de Hersz sont déportés de Pithiviers par le convoi n°16. Hélène et Hersz ont un fils, Jacques, âgé de 9 mois au moment de la rafle . Dans la panique, ils ont tenté de gagner la zone libre mais ils sont pris. Ils réussissent néanmoins à sauver leur fils en le confiant à une inconnue.

Ni Madeleine, ni Fanny ne sont prises lors de la rafle du Vel d’Hiv. Aucun des enfants juifs de l’immeuble ne figure dans la base des victimes de la Shoah. On peut penser que Jean, Salomon, et Hélène Fiszelewicz, Joseph Orzolet et Marcel Grun ont été cachés, à Paris ou ailleurs, avant, pendant ou après la rafle.

Au numéro 6 de la Cité Dupetit-Thouars en revanche, la famille Tysz est arrêtée et déportée, sans retour. Deux familles sont raflées au 8 : les cas des familles Lisiak et Wejdman sont particulièrement poignants car leurs membres ont été séparés après la rafle et assassinés sans s’être jamais revu : Jacob Lisiak est déporté en même temps que son voisin Abraham Tysz le 31 juillet 1942. Il mourra à Auschwitz en juin 1943. Son épouse, Marie Lisiak est déportée par le convoi n°16 du 7 août 1942. Jenny et Henriette leurs filles, nées respectivement en 1930 et 1939 sont déportées le 19 août 1942 par le convoi n°21. Dans la famille Wejdman, Le père Icek est déporté de Pithiviers par le convoi n°13 en même temps que ses voisins Jacob Lisiak et Abraham Tysz, tandis que les enfants Léon né en 1929, Fanny née en 1932 et Maurice né en 1937 partent par le convoi n°24 du 26 août. Survivront la mère Hélène et la plus jeune enfant du foyer, Claudine, née en 1941.

Le taux d’arrestation dans le 3e a été légèrement moins élevé que celui qui a pu être constaté à l’échelle du département[20]. Laurent Joly avance que les arrondissements les plus densément peuplés de Juifs sont aussi ceux où la rafle a eu le pourcentage de « réussite » le moins élevé : la solidarité et la force de la rumeur ont sans doute joué un rôle important.

Après la rafle, de nombreux habitants fuient la souricière de la Cité Dupetit-Thouars, mais certains sont rattrapés dans leur fuite, les femmes en particulier, qui sont nombreuses à tenter de passer la ligne de démarcation, avec ou sans leurs enfants, à l’été 1942. Feigel Bagno et sa fille Anna qui a le même âge que Madeleine Gdalewicz, habitaient au 5 jusqu’en juillet 1942. Elles sont prises sur la ligne de démarcation et déportées de Pithiviers (convoi n°35) le 21 septembre 1942. Henriette Szer, née Sciarke en 1920, habitait dans le même immeuble. Entrée en résistance à la suite de l’arrestation de son époux Kril Szer lors de la rafle dit du « billet vert »[21], elle est arrêté par la Gestapo à Vendôme en novembre 1943, déportée à Auschwitz en janvier 1944 puis transférée à Kratzau en octobre de la même année. Une habitante de l’immeuble des Gdalewicz, Malka Grun, réfugiée dans la région de Limoges, est déportée (convoi n°55) le 26 mars 1943. Son mari Michel, et son fils, Marcel, ne figurent dans aucune base de données de victimes de la Shoah. Sira Szaluta, arrivée à Paris en 1926, habitait au 8 avec son époux David et leur fils Jacques, né en 1933. David est raflé dès mai 1941. Il est déporté par le convoi n° 1 parti de Compiègne le 27 mars 1942. Sira et Jacques passent la ligne de démarcation après la rafle du Vel d’Hiv. Ayant réussi à placer son fils en lieu sûr, elle est arrêtée à Lyon à l’été 1944, puis transférée à Drancy et voyage avec Fanny Gdalewicz vers Auschwitz par le convoi 77, puis Kratzau à l’automne 1944.

A l’été 1942, Fanny et Madeleine ont choisi de continuer de vivre à Paris. Elle vont chercher leurs cartes d’alimentation spécifiquement destinée aux Juifs en janvier 1943 au Commissariat du quartier des Enfants-Rouges. À la mi-1943, il reste environ 60 000 Juifs à Paris. Les rafles ont surtout lieu en zone sud en février-mars 1943. En 1944, les persécutions ne prennent pas l’allure des grandes rafles de 1942-43. Elles sont plus sporadiques.

Une note de service confidentielle datée du 3 février 1944 rédigée par M. Hennequin, directeur de la police municipale de la Préfecture de Police de Paris adressée à tous les commissaires divisionnaires et commissaires des voies publiques, relaie la demande des autorités occupantes visant à l’arrestation de toute personne juive en vue de leur transfert à Drancy, quelle que soit sa nationalité. En pratique, ce sont surtout les Allemands, et la Gestapo en l’occurrence, qui sont à la manœuvre et se chargent des arrestations, aidés par les collaborationnistes de la Milice. Ils écument les hôpitaux, les crèches, les foyers de l’UGIF, arrêtent au hasard des rues, dans le métro. C’est dans ce contexte que Fanny est arrêtée fin juin 1944.

La déportation de Fanny Gdalewicz

Le 30 juin 1944 au matin, Fanny est arrêtée par deux Allemands en civil descendus d’une voiture, à l’angle du boulevard de Bonne-Nouvelle et de la rue du Faubourg Poissonnière, alors qu’elle se rend à son travail. Elle est à ce moment-là mécanicienne en fourrure. Le motif de son arrestation est notifié : « circule pendant l’alerte ». Les Alliés ont débarqué en Normandie depuis le 6 juin 1944 et les combats sont intenses. Paris vit au rythme des alertes et d’une répression féroce de la part de la Milice et de la Gestapo allemande. Le 28 juin 1944, Philippe Henriot, voix des ondes collaborationnistes de Radio Paris, et membre actif de la Milice, récemment nommé Secrétaire d’Etat à l’information et à la propagande du gouvernement de Laval a été assassiné par un commando de résistants à Paris. Les représailles de la Milice sont alors extrêmement dures. On arrête à tour de bras.

Fanny est d’abord conduite au 11 rue des Saussaies. L’immeuble qui abritait le siège de la Sûreté générale puis de la Sûreté nationale du gouvernement français depuis 1934, est devenu le siège de la Sipo-SD (police de sûreté / service de sécurité Gestapo) dès l’automne 1940. Ces locaux abritent les services la section IV, laquelle détermine parmi les personnes arrêtées, celles qui doivent être jugées par le tribunal militaire siégeant 11, rue Boissy d’Anglas (8e) et celles qui doivent être déportées sans jugement. En tant que juive non résistante, Fanny est transférée au 84 avenue Foch au siège ce qu’on appelle communément « La Gestapo française », dirigée par René Launay, alias « Lauris », alias « René le dingue », depuis 1943. Militant de d’extrême-droite collaborationniste, Launay est membre du service de renseignements du Rassemblement National Populaire (RNP) de Marcel Déat. C’est d’une fenêtre du 4è étage de ce bâtiment que quelques mois auparavant, le résistant Pierre Brossolette, soumis à la torture pendant deux jours, s’était jeté dans le vide le 22 mars 1944. Une note classée dans le dossier des archives centrales, daté du 30 juin 1944, émanant du 8è arrondissement et adressée à un certain « P.M » nous donne une idée du traitement administratif de ces transferts : « j’envoie au dépôt la juive Gdalewicz Fanny, célibataire, mécanicienne en fourrure, arrêtée ce jour par la police allemande des questions juives, 11 bis rue des Saussaies, en vue de son internement ».

Fanny arrive à Drancy le jour du départ du convoi 76, parti vers Auschwitz avec mille internés à son bord. Le camp vit ses dernières semaines sous la férule d’Aloïs Brunner, présent depuis juin 1943. Brunner est un rouage essentiel du programme de déportation des Juifs en France . « Tandis que les Alliés avançaient et que les polices française et allemande se concentraient sur la Résistance, Brunner sillonnait Paris et ses faubourgs dans sa voiture privée, ramassant un Juif ici, un Juif là (…) Que l’Allemagne remporte la victoire sur les Alliés ou non, Brunner misa sur la victoire contre les Juifs. Les troupes alliées approchaient de Paris et Brunner déplaçait des montagnes pour faire partir un autre convoi, empli de ses ramassages dans les camps de travail, les prisons, les orphelinats, les hôpitaux et les arrestations de rue (…) . Il réussit ce qu’il souhaitait, envoyer 1 300 personnes le 31 juillet 1944, y compris 300 enfants en provenance d’orphelinats »[22] . Un décompte plus récent fait état de 130 enfants, pris dans les structures de l’UGIF, à Paris et en banlieue.

La période d’internement de Fanny Gdalewicz prise en compte par le Ministère des Anciens combattants et victimes de guerre est comprise entre le 30 juin 1944 et le 1er juin 1945. Tout ce que nous savons sur Fanny provient d’une série d’attestations sur l’honneur et de témoignages signés par des co-détenues à Auschwitz et au camp de Kratzau en Tchécoslovaquie, des membres de sa famille et de son voisinage, suite à la perte des papiers qui lui avaient été délivrés en 1945 à son retour de déportation par le Ministère des Anciens combattants et victimes de guerre. C’est grâce à ces documents que nous avons pu retracer son parcours. Le tout est conservé au SHD de Caen.

Par ailleurs, nous nous sommes fondés sur une étude prosopographique du convoi 77 réalisée par une étudiante en Master, Annaëlle Riou[23] qui a systématiquement analysé les 1152 dossiers conservés à la Direction des Archives des conflits contemporains (DAVCC). Sur ces 1152 personnes, on compte 849 morts en déportation, 246 « dossiers statuts » (demandeurs du statut de déporté), dont celui de Fanny Gdalewicz, et 57 internés résistants. Nous avons cherché à comprendre dans quelle mesure le profil de Fanny se rapproche de celui de la majorité des déportés et des survivants de ce convoi. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il est assez emblématique de la composition de ce convoi et des destins individuels que l’on peut reconstituer grâce à l’étude d’Annaëlle Riou.

En effet, tout d’abord, nous avons été frappés par la grande proportion de déportés de nationalité française, comme Fanny : 69% . C’est également le cas pour le convoi précédent, ce qui montre à quel point la traque des juifs ne distingue plus l’origine de ceux-ci à la toute fin de la période. Ensuite, Fanny fait partie des 668 personnes de ce convoi qui sont nées à Paris et sa proche banlieue, soit 52% du total des déportés. Beaucoup sont nés entre 1925 et 1927, et près de 40 en 1927, comme Fanny. Les femmes sont majoritaires (52%) et seules 12% d’entre elles sont majeures. La plupart des jeunes filles sont déportées seules, comme Fanny. Ce qui frappe, c’est bien sûr le nombre d’enfants (les moins de 18 ans) : ils sont 347.

Au moment de l’arrivée du convoi 77 en provenance de Drancy, le complexe d’Auschwitz-Birkenau connaît une période d’extermination frénétique, car on est alors au cœur du processus de l’assassinat des 420 000 Juifs de Hongrie. Certaines journées de juillet-août 1944 voient l’arrivée de cinq convois à Birkenau, ce qui peut représenter jusqu’à 16 000 personnes.

Le convoi 77, parti à 10 h de la gare du Bourget le 31 juillet, arrive dans la nuit du 3 au 4 août, vers 3h du matin, et s’arrête à l’intérieur du camp de Birkenau. On peut considérer comme juste la proportion de 70% de personnes gazées à l’arrivée (890 personnes soit 425 femmes et 465 hommes) et 30% de personnes mises au travail. Statistiquement, d’après l’étude d’Annaëlle Riou, ceux qui ont eu le plus de chances de survie sont nés entre 1904 et 1927, avec une majorité de femmes. La proportion de femmes sélectionnées pour entrer au camp excède en effet celle des hommes. Fanny qui a 17 ans et a voyagé seule, fait partie des 388 personnes qui sont tatouées à l’arrivée. On connait le matricule de 191 d’entre eux. Les femmes portent les matricules A 160128 à 16 833 et les hommes B 3686 à 3958. Fanny reçoit le matricule A 16723.

Dès octobre 1944, des transferts vers d’autres camps ont lieu parmi les femmes du convoi 77 entrées à Birkenau . Seuls 111 déportés ne connaîtront que le camp d’Auschwitz. Beaucoup de femmes de ce convoi sont transférées à Gross Rosen, et plus précisément vers son kommando de Kratzau (Chrastava) en Tchécoslovaquie, lieu de transfert pour 122 femmes arrivées à Auschwitz par le convoi 77. La plupart quittent le camp le 28 octobre 1944 pour cette annexe située à 300 km d’Auschwitz. Fanny Gdalewicz elle, y arrive en décembre 1944. Aux archives du DAVCC, il existe un témoignage non signé établissant la localisation du camp et les conditions de vie qui le réglementent[24]. Il s’agit d’une structure où sont internées 500 femmes juives : 300 Françaises et 200 Hollandaises. Ce kommando est installé à Weisskirchen exactement, à 4 km de Kratzau. Les conditions de vie n’ont rien à voir avec celle de Birkenau, même si le travail est harassant : le chauffage est présent, ainsi que l’eau chaude ; chaque détenue dort sur sa propre paillasse. Cela a sans doute participé du fait qu’un grand nombre des femmes du convoi 77 transférées à Kratzau ont survécu.

Les femmes se lèvent à 3h30 et travaillent jusqu’à 19h00 dans une usine de munitions, six jours sur sept. Le rapport évoque aussi des conditions d’hygiène déplorables, le manque de vêtements et de chaussures, mais ne documente pas la période du printemps 1945 et l’arrivée des Alliés, alors que le camp est libéré par les Soviétiques le 8 mai 1945.

Deux soeurs, Simone et Lison Bloch, nées en 1926 et 1929 qui font partie du convoi 77, ont rédigé leur témoignage en 2012 sous la forme d’un texte dactylographié déposé à la bibliothèque du Mémorial de la Shoah[25]. Il y est question des conditions de détention au camp de Kratzau et des circonstances de leur libération.

Dans ce camp, Fanny retrouve deux de ses voisines de la Cité Dupetit-Thouars, ce qui est assez extraordinaire pour être relevé : Henriette Szer, qui a 7 ans de plus qu’elle et habitait au 5 de la Cité Dupetit-Thouars avec son époux, raflé en mai 1941[26], et Sira Szaluta née Wajnryb, née en 1910, qui résidait au 8 avec ses parents dans sa jeunesse puis avait déménagé rue St Maur après son mariage.

Les prisonnières comprennent que la fin est proche dès le mois de mars. Elles apprennent de la bouche d’une surveillante que Hitler est mort. Les Allemands sont restés dans le camp jusqu’au dernier moment. Les Soviétiques arrivent le lendemain de leur départ, le 9 mai 1945.

Après la Libération

Fanny est rapatriée de Kratzau à Sarrebourg le 2 juin 1945. C’est l’un des nombreux lieux de passage des rapatriés, qu’ils soient prisonniers de guerre, déportés « raciaux » comme on disait alors, résistants ou requis du service du travail obligatoire. Ceux qui arrivent dans le plus mauvais état sanitaire sont les Juifs, qui ont subi l’internement dans plusieurs camps et les marches de la mort. Le service de santé du rapatriement développe un protocole appliqué dans tous les centres d’accueil, en tenant compte de la nécessité d’examens rapides, limités à l’essentiel, pour permettre le fonctionnement de centres qui doivent examiner jusqu’à 10 000 rapatriés dans la journée aux mois de mai-juin 1945.

Fanny arrive en effet à Sarrebourg au moment du pic des rapatriements, qui débutent en avril, pour se terminer en juillet 1945. Le circuit est organisé de telle sorte que l’ensemble des formalités administratives et sanitaires est accompli en 1h10. Les opérations sanitaires comprennent la désinfection avec douche et poudrage insecticide ; un traitement contre les maladies de peau le cas échéant, un examen clinique sommaire et une radiographie du thorax par un pneumologue. À la sortie du circuit, le rapatrié reçoit sa « carte de rapatriement » qui a valeur de carte d’identité[27]. La Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP) délivre à Fanny un certificat d’internement.

le 30 septembre 1945, Fanny Gdalewicz qui a perdu ses papiers, se voit délivrer un certificat de déportation par le service de l’état civil du Ministère des Anciens combattants et victimes de guerres. C’est la première perte d’une longue série, mais pour nous qui cherchons à écrire sa biographie et à reconstituer son parcours, c’est une aubaine. Son certificat de déportation disparaît bientôt dans un incendie lors d’un séjour à Menthon Saint-Bernard en Haute-Savoie à l’été 1946. La section départementale des Prisonniers, déportés et résistants lui délivre un récépissé et certifie qu’elle a perçu la prime de 3000 francs à son retour de déportation. Elle obtient le statut de déportée politique (selon la loi du 9 septembre 1948) le 2 novembre 1948. Sa carte de nouveau égarée, Fanny entame des démarches auprès de ses proches pour obtenir les attestations nécessaires à la délivrance d’une nouvelle carte, ce qui est chose faite en 1954.

Comment le retour dans le quartier des Enfants-Rouges se déroule-t-il après la guerre ?

Mael Le Noc a étudié les conséquences de la persécution des Juifs parisiens dans leurs dimensions spatiales pour les quartiers Arts-et-Métiers et Enfants-Roupes (AMER) en 1944-1946[28] : selon le chercheur, cette question constitue « un angle mort de la recherche géographique sur la Shoah ». Il explique qu’ « à la Libération, moins de 850 juifs, dans 520 foyers, vivaient encore « en plein jour » à AMER, soit moins de 15% de la population juive de 1940 ».

Madeleine et Fanny reviennent au 14 Cité Dupetit-Thouars après la disparition de leur père et de leur frère. Madeleine épouse Fernand Guy, son voisin, le 22 juin 1946, et ils quittent la région parisienne pour Dijon. Quant à Fanny, elle ne va pas très loin : c’est à une rue de son domicile qu’elle rencontre son fiancée, Israël Grodnicki. Né en 1924 à Paris, il était arrivée dans le quartier avec ses parents à peu près en même temps que les Gdalewicz, au 1 rue Perrée. Son père, David, sa mère Raya et sa sœur aînée Sarka[29] étaient nés en Pologne. Il est le seul survivant de sa famille et continue d’habiter à son ancienne adresse, après la guerre. Il y fonde son entreprise de couture. Israël est l’un des deux témoins de mariage de Madeleine Gdalewicz en 1946 et noue une relation sentimentale avec sa jeune sœur, Fanny. Ils ont trois ans d’écart. Israël épouse Fanny en 1948 à la mairie du IIIe arrondissement. Ils établissent leur foyer au 1 rue Perrée pour le reste de leurs jours.

La réinstallation dans le quartier ne relève pourtant pas de l’évidence pour les survivants, comme le montre l’étude menée par Maël Le Noc , du fichier immobilier dressé en 1945[30] destiné à identifier les lieux inoccupés ou sous-occupés dans un contexte de crise du logement. L’analyse de ce fichier, couplé au recensement parisien de 1946, permet de comprendre l’évolution de la population juive de Paris après la Libération. Pour la Cité Dupetit-Thouars, le chercheur indique que seuls 20% des Juifs présents avant la guerre le sont de nouveau à la Libération et 54% sont de retour en 1945.

Israël Grodnicki est décédé le 20 octobre 1948. À son décès en 2011, Fanny était toujours domiciliée au 1 rue Perrée.

 

Notes et références

[1] Maël Le Noc utilise l’acronyme AMER que nous reprendrons dans notre étude.

[2] JOLY L., « Ils ont emmené votre maman et votre petite sœur… La grande rafle du 16 juillet 1942 à l’échelle d’un quartier du 3e arrondissement de Paris », Histoire urbaine n°62, décembre 2021, p.37 à 57.

[3] « Heureux comme Dieu en France », en yiddish. À une époque où les Juifs d’Europe centrale estimaient que le pays qui traitait le mieux les Juifs était la France, nation des Lumières et de l’émancipation des Juifs, cette expression fit florès. On n’en connaît pas précisément l’origine.

[4] Source : https://sztetl.org.pl/en/node/1837/99-history/137570-history-of-community et Latowicz, [in:] Encyclopaedia of Jewish Communities, Poland, vol. 4: Warsaw and its region, ed. A. WEIN, Jerusalem 1989, p. 244.

[5] NOIRIEL G., Réfugiés et sans papiers. La République face au droit d’asile, XIXe-XXe siècle, Fayard, 2012.

[6] Née en 1927, Fanny bénéficie d’une loi très libérale votée la même année qui permet d’obtenir sa naturalisation au terme de trois années de résidence en France et non plus 10 ans comme c’était le cas depuis 1889.

[7] AP D2M8 224

[8] AP D2M8 549

[9] Son acte de mariage dressé à la mairie du 4e arrondissement en 1924 mentionne Mechel Zajac, née en 1905. Mais cette date est sujette à caution si l’on considère l’année de naissance de Jankiel, son premier enfant en 1919.

[10] Les historiens estiment à 50 000, le nombre de Juifs polonais arrivés en France entre 1918 et 1939, dont 35800 habitant à Paris. Voir BLANC-CHALEARD M.C, « Les étrangers, des Parisiens à l’épreuve des convulsions nationales, 1840-1940 » , in AZÉMA J.P (dir.), Vivre et survivre dans le Marais. Au cœur de Paris, du Moyen-âge à nos jours, Le Manuscrit, 2005, p.279-293.

[11] Jankiel GDALEWICZ (Mémorial de la Shoah)

[12] LE NOC M. , « Évolution de la population juive parisienne pendant l’Occupation », Tsafon, n° 84, décembre 2022, pp. 83-102.

[13] APP BA2433 sous-série ID16, 04 pour recensement racial d’octobre 1940 et 05 pour liste étoiles juives.

[14] LE NOC M., « Présences, proximités et disparitions. Une approche spatiale de la persécution des Juifs à Paris, 1940-1944 », Histoire Urbaine n°62, décembre 2021, p.15-36.

[15] Source: tetrade.huma-num.fr/

[16] JOLY L. , « Ils ont emmené votre maman et votre petite sœur …La grande rafle du 16 juillet 1942 à l’échelle d’un quartier du 3e arrondissement de Paris », Histoire urbaine n°62, décembre 2021, p.37 à 57.

[17] JOLY, art.cit.

[18] JOLY, art.cit.

[19] JOLY, art.cit.

[20] 29% contre 32% pour l’ensemble de Paris, JOLY, art.cit.

[21] Première rafle exécutée à Paris. Elle concerne les hommes juifs étrangers . Environ 6500 Juifs, polonais en majorité, reçoivent une convocation pour « examen de situation ». Ils doivent se rendre dans des centres désignés des 4e, 10e, 11e, 19e et 20e arrondissements. 3710 personnes sont arrêtées, conduites à Drancy ou à Compiègne-Royallieu. Ces hommes formeront une grande partie des déportés du convoi n°1 du 27 mars 1942.

[22] FELTSINER M. , « Commandant de Drancy : Alois Brunner et les Juifs de France », Le Monde juif, 1987/4, n°128, p.143-172.

[23] RIOU A. , Une micro-histoire de la Shoah en France. La déportation des Juifs du convoi 77, Master 2 sous la direction de Gaël EISMAN, UFR Humanités et sciences sociales, Université de Caen-Normandie, 2018-2019.

[24] SHD Caen, 26P 1118, Gross Rosen, commando de Kratzau « Renseignements ».

[25] C’est du rab de vie que tu te tapes là ! Témoignage recueilli et rédigé par Remi WARNERY, 2012.

[26] Elle témoignera en 1952 de la présence de Fanny à Auschwitz puis à Kratzau en Tchécoslovaquie, au moment où cette dernière a de nouveau perdu sa carte de déportée.

[27] D’après le témoignage de Pierre Bourgeois, médecin- directeur du Service de rapatriement des prisonniers, des déportés et réfugiés entre 1944 et 1946 que nous avons trouvé en ligne : https://www.google.com/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=0CAIQw7AJahcKEwio9If22Pn_AhUAAAAAHQAAAAAQAw&url=https%3A%2F%2Fwww.biusante.parisdescartes.fr%2Fsfhm%2Fhsm%2FHSMx1992x026x003%2FHSMx1992x026x003x0167.pdf&psig=AOvVaw28q4bksa9ryCaitiPTXLHn&ust=1688719440189156&opi=89978449

[28] Extraits d’une communication présentant les fondements et les premiers résultats d’un projet de recherche postdoctorale qui s’intitule « Une approche spatiale de l’après-Shoah à Paris ; le cas des quartiers Arts-et-Métiers et Enfants-Rouges, 1944-1946 ». Elle a été présentée oralement lors de Séminaire des boursiers de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah le 6 janvier 2022. En ligne : https://www.fondationshoah.org/sites/default/files/1-recherche/textesboursiers2022/lenoc.pdf

[29] Née en 1921.

[30] Fichier Immobilier, 3966W, archives de Paris.

 

This biography of Fanny GDALEWICZ has been translated into English.

Contributeur(s)

Ce travail est le résultat des recherches menées par une élève du lycée Simone Weil à Paris dans le 3e arrondissement, Clara Demurtas, sous la direction de Mme Charbit.

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1 commentaire
  1. klejman 3 mois ago

    Le convoi 77 est parti de la gare de Bobigny. Un panneau mentionne le convoi dans le nouveau Mémorial ouvert sur l’emplacement de la gare et de la voie ferrée à l’été 2023.

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