Sura MAJZNER

1864 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Sura MAJZNER née PERELMUTTER (1865-1944)

 Six élèves de terminale du micro-lycée de Saint-Quentin ont souhaité participer au projet « Convoi 77 » et retracer le parcours d’une des déportés du convoi. Les élèves ont pu présenter leur travail à Alain-Sam Federowski, membre de la communauté juive de Saint-Quentin et ancien grand reporter de TF1 lors d’un temps d’échange sur « l’antisémitisme ordinaire ».

Née en Pologne, à Lipno le 17 juin 1865, Sura Zlata, dite Sara, Perelmutter est la fille de Tobia Perelmutter et de Rifka Scharsbourk.

Elle se marie avec Icek Majzner, et ils ont trois enfants[1] : Szyja, dit Charles, né le 7 novembre 1896 à Lipno, et des jumelles nées le 15 mai 1903, Jochweta et Estera Marjam. Icek et Sura sont tous deux restaurateurs.

Ses enfants décident de commencer une nouvelle vie en France dans les années 1920[2]. Y avaient-ils déjà de la famille qui s’y était installée ? En tout cas, ils y fondent leur famille. Ainsi, Jochweta s’est mariée à Moïse Roskolenkier, qui est né lui aussi à Lipno en 1900. Ensemble, ils ont eu une fille prénommée Jacqueline. Ils vivent tous trois au 30, rue Rebeval à Paris dans le XIXe arrondissement[3]. Sa sœur Estera est mariée avec Berek Kiwkowicz ou Kiwkowiez, lui aussi né en Pologne, le 15 mai 1904 dans la ville de Wolbrom. Ils vivent ensemble au 6/8, rue de la Corderie, près de la place de la République à Paris, dans le IIIe arrondissement. Ils sont tous les deux tailleurs. Eux aussi ont eu un enfant, à ce jour toujours inconnu[4]. Quant à Charles, il se marie le 17 janvier 1927 à Aubervilliers avec Brucha Klimberg, née en Pologne à Klokoch (Klodzko ?), le 24 novembre 1896. Elle est couturière et Charles, coiffeur « en boutique ». Ils vivent à Aubervilliers, une commune ouvrière de la banlieue nord de Paris, 1 rue des Sablons (devenu après-guerre rue du Colonel Fabien). Il est déjà naturalisé français quand sa mère arrive en France.

Des Perelmut(t)er originaires de Lipno sont également en France au début de la seconde guerre mondiale, tel Szmul-Majer qui s’engage au 21e régiment de marche de volontaires étrangers.

L’arrivée en France

Veuve, isolée, sans travail et déclarant ne plus avoir de famille à Lipno, Sara a décidé de quitter la Pologne pour rejoindre ses enfants en France. Son périple débute à Varsovie, Pologne, où elle paye à un passeur « qu’elle ne prétend pas connaître »[5] la somme de 180 zlotys. Dans sa déclaration, elle précise être parvenue jusqu’en Belgique en train. Elle franchit la frontière illégalement, sans passeport ni visa consulaire et arrive en France le 20 avril 1938.

Sara s’installe chez sa fille Jochweta au 30 rue Rebeval à Paris[6]. Dans les documents fournis pour régulariser sa situation, il est notifié qu’elle ne parle pas la langue française, elle maîtrise en revanche le polonais, l’allemand et le yiddish. Elle reçoit son permis de séjour le 27 juin 1938[7] et elle fait sa demande de carte d’identité d’étrangère le 7 juillet 1938[8]. Son signalement la décrit comme mesurant 1,45 m, avec des cheveux blancs mais des sourcils blonds. Une perruque roux foncé (blond) est indiquée comme signe particulier. Est-elle une juive pratiquante qui porte perruque ? Ses yeux, selon l’agent qui établit sa fiche sont « orangés clairs jaune azuré », son nez est rectiligne, son menton fuyant et ses oreilles ont un contour en équerre. Sur la photo, on voit qu’elle porte des lunettes.

Or, alors que Sara est venue en France pour retrouver sa famille, l’occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale va mettre à mal cette réunification. Ses deux filles, ses gendres, sa petite fille Jacqueline vont se faire arrêter, interner puis déporter vers les camps de la mort.

Le convoi 4 du 25 juin 1942, parti de Pithiviers, emmène Moïse (Mojze) Roskolenkier à Auschwitz. Le convoi 25 du 28 août 1942, parti de Beaune-la-Rolande emmène Bereck Kiwkowicz, le mari d’Estera. Il s’était engagé au bureau de la Seine dans la Légion étrangère pour aller combattre. Dans ce convoi, se trouvent également la jumelle d’Estera, Jochweta, et sa fille Jacqueline Roskolenkier, née le 17 février 1936 et de nationalité française. Elles ont été arrêtées lors de la rafle du Vel d’hiv et le nom de Jacqueline figure sur un monument commémoratif à Paris des enfants raflés en ces jours de juillet 1942.

Il semble que ce soit à cette date que Sara, sans protection, déménage au 8 rue de la Corderie, chez sa fille Estera.

Quelques mois plus tard, Estera, est à son tour arrêtée. Soupçonnée d’être résistante, membre des FTP, elle est arrêtée le 24 mars 1943 par la Brigade Spéciale, chez son frère Charles, qui réside à Aubervilliers[9]. Internée à Drancy, Estera est déportée par le convoi n°57 du 13/07/1943 et assassinée à son arrivée à Auschwitz[10].

Le 14 juillet 1944, Sara Majzner, est arrêtée devant chez elle au 8 rue de la Corderie avec le motif d’arrestation suivant : Israélite[11]. Mme Pouquet, l’ancienne concierge de l’immeuble et Mme Goldstein témoigneront après la guerre de cette arrestation par la milice.

Elle est internée le 17 juillet 1944 au camp de Drancy sous le matricule n°25.214. Par la suite, cette dame de 79 ans a été déportée par le convoi n°77 en direction du camp d’extermination d’Auschwitz. Si elle a survécu à l’éprouvant voyage dans des wagons à bestiaux, presque sans eau sous une chaleur torride pendant 3jours et deux nuits, à son arrivée sur place, elle a été tristement assassinée par le régime nazi le 3 août 1944[12]. Le dossier établi après la guerre à son nom indique que la date de son décès est le 5 août ; cette date est utilisée par convenance pour fixer le décès des déportés du convoi du 31 juillet 1944 pour lesquels il n’existe pas de document attestant de leur mort en camp ou de leur retour en France.

Charles échappe à la déportation et c’est lui qui remplit les dossiers pour faire établir le décès de sa mère.

Le titre de déporté politique (qui remplace le terme de « racial ») est accordé à Sara le 12 mai 1958. Son fils reçoit la carte de couleur bleue qui en atteste.

Notes & références

[1] Dossier individuel de Sarah Majzner Pererlmutter, acte de décès (2004), SHD Caen 21 P 511 450.

[2] Notice d’identification, Sara Majzner Perelmutter, août 1938, Fonds dit de Moscou, Archives Nationales de France. Cote : 19940469/160, dossier 13302. Année 1939.

[3] Analyse de deux bases de données de déportés : la base de données du Mémorial de la Shoah et la base de données de la Fondation Klarsfeld

[4] Cette information provient du maitron https://maitron.fr/kiwkowiez-estera/: Estera Kiwkowiecz était la fille de Icek et de Sura Perelmuter, était mariée et mère d’un enfant

[5] Notice d’identification, Sara Majzner Perelmutter, août 1938, Fonds dit de Moscou, Archives Nationales de France cote : 199400462 – 47 – 4563

[6] Ibidem

[7] Ibidem

[8] Demande de carte d’identité (7 juillet 1938), ministère de l’Intérieur, bureau des cartes d’identité n°6, Archives Nationales de France

[9]Biographie d’Estera Kiwkowicz https://maitron.fr/kiwkowiez-estera/

[10] Ibidem

[11] Dossier individuelle de Sarah Majzner Pererlmutter, Demande d’attribution du statut de déportés (1957), SHD Caen

[12] Ibidem, le dossier donne la date du 5 août.

Contributeur(s)

Biographie réalisée par : Chloé – Kassandra- Lucas- Hakim – Eva – Ryan (2024-25)

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