Le 4 avril 2019, l’association Convoi 77, a reçu en partenariat avec l’UEJF Sciences Po, Yvette Lévy et Daniel Urbejtel, rescapés de la Shoah dans les locaux de Sciences Po Paris. Tous deux déportés par le Convoi 77, Daniel et Yvette ont parlé pendant près de deux heures de leur déportation et de leur vie avant et après la guerre.La séance a été introduite par Bénédicte Durand, Directrice des Etudes et de la Scolarité de Sciences Po, qui a rappelé le caractère malheureusement exceptionnel de cette conférence. Ce témoignage a rappelé que, face à la force du temps, les nouvelles générations ont une responsabilité commune: celle de porter la mémoire de ces six millions de Juifs exterminés pendant la Shoah et de ne jamais laisser l’oubli ou le déni s’installer.

Yvette Lévy (née Dreyfuss) naît à Paris en 1926, dans une famille de juifs alsaciens. Monitrice aux Eclaireurs israélites de France pendant la guerre, Yvette accueille, rue Claude-Bernard, des enfants juifs, jusqu’à leur dispersion dans la clandestinité.

Elle est arrêtée par la Gestapo le 22 juillet 1944, puis est transférée vers le camp de Drancy. Le 31 juillet, Yvette est emmenée par le Convoi n°77 en direction d’Auschwitz. Elle fait ensuite partie des déportées sélectionnées pour travailler dans une usine d’armement à Kratzau. Survivant pendant de longs mois à l’horreur du camp, elle est libérée le 9 mai 1945.

Yvette consacre aujourd’hui une grande partie de son temps à raconter son histoire, notamment aux plus jeunes. Elle se rend aussi régulièrement au camp d’Auschwitz-Birkenau pour témoigner.

Daniel Urbejtel est né en 1931 à Paris, de parents juifs non-pratiquants, d’origine polonaise. Le jour de ses 12 ans, ses parents sont arrêtés par la Gestapo. Il découvre ce jour-là son identité juive. Il est alors placé dans un orphelinat, jusqu’en juillet 1944, où Daniel est arrêté et emmené à Drancy.

Le 31 juillet, il monte, comme Yvette, à bord du Convoi n°77, qui l’emmène, lui et son frère Henri, à Auschwitz. Daniel survit au camp et aux Marches de la mort, d’où il ressort terriblement affaibli, et tombe dans le coma. De retour à Paris en octobre 1945, il retrouve son frère et sa soeur, et reprend ses études en 1946.

Daniel témoigne sans relâche dans les écoles depuis plusieurs décennies.

A l’occasion de la journée de commémoration de la Shoah, une cérémonie et une lecture publique des noms ont eu lieu sur le parvis du Mémorial de la Shoah à Paris les 1er et 2 mai. Ont été prononcés, un à un, les noms des personnes déportées de France par les convois n° 21 à 57.François Heilbronn, Vice-Président du Mémorial de la Shoah, a inauguré la cérémonie et a rappelé le « travail inlassable » de Serge Klarsfeld  qui « a permis de restituer un nom, un souvenir, parfois un visage » à chacun des 76,000 Juifs déportés de France.

Le 2 mai dernier, nous avons rencontré Clément Huguet, professeur d’histoire-géographie au collège Michel-Richard Delalande à Athis-Mons. Pour la deuxième année consécutive, il s’est montré extrêmement impliqué dans le projet Convoi 77 avec sa classe. Son expérience nous a permis de développer de nombreuses idées pour vous guider dans la réalisation de votre projet. Nous avons ainsi utilisé ses retours pour établir une liste de recommandations destinées à vous, professeurs et futurs professeurs, qui se lancent dans le projet.

Celle-ci sera bientôt disponible sur le site de Convoi 77. En attendant, voici un bref aperçu des conclusions que nous avons dressées: 

> Qu’apporte le projet aux élèves ? Sans doute aucun, l’objectif principal d’un projet comme celui du Convoi 77 est de promouvoir une nouvelle manière d’enseigner la Shoah aux élèves, afin que les nouvelles générations comprennent les mécanismes ayant liés à la Shoah, s’approprient au mieux cette partie de leur Histoire et perpétuent le souvenir des millions de déportés. Ce travail permet aussi de développer la créativité des élèves, ainsi que leur aisance à l’écrit.

> Comment faire adhérer les élèves et assurer la continuité avec le programme scolaire ? Afin que les élèves comprennent bien le contexte dans lequel s’est déroulée la Shoah en France, il est important de leur fournir quelques clés historiques, avant de leur donner des documents personnels sur le/la déporté(e). Il peut être utile de diviser votre classe en petits groupes et d’attribuer un thème à chaque groupe d’élèves. Après cela, les élèves seront plus à même de comprendre le parcours et le destin du/de la déporté(e) sur lequel ils travaillent.

> Comment procéder à l’écriture de la biographie ? S’agissant de l’élaboration de la biographie même, il est bien d’inclure toute votre classe dans le travail d’écriture, afin de n’exclure personne du rendu final. Par soucis de simplicité et de rapidité, certains professeurs ont cepdant demandé à un groupe d’élèves seulement de se porter volontaires pour l’étape de l’écriture.

> Comment inclure d’autres disciplines (arts plastiques, français, musique, théâtre…) dans le projet ? Le projet du Convoi 77 étant interdisciplinaire, de nombreux professeurs choisissent de travailler en mêlant l’histoire et la géographie, le Français, la musique, les arts plastiques, le théâtre…

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