Marcel SIMON

1903-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Marcel SIMON

Ce travail a été réalisé durant l’année 2023-2024 par des élèves de 3e du collège Les Blés d’Or à Bailly-Romainvilliers en France, encadrés par leurs professeures Madame JORRION, professeure de français, et Madame GARILLIERE, professeure d’histoire-géographie.

Nous avons participé au projet de l’association « Convoi 77 ». Cette association a pour objet de regrouper autour des familles et des amis des déportés du convoi 77 toutes les personnes concernées par la Mémoire de la Shoah, afin de perpétuer le souvenir des déportés, de leur histoire, de leur destin, afin de participer également à la poursuite de la transmission de la Mémoire de la Shoah tout en apportant une contribution à la recherche et à l’enseignement de la Shoah. Pour mieux comprendre le vécu des personnes que nous étudions, nous avons eu l’opportunité de visiter des lieux clés dans la transmission de la Mémoire de la Shoah en France. En guise d’exemples, nous avons visité le mémorial de la Shoah à Paris et le camp des Milles à Aix-en-Provence.

Il faut noter également que le convoi 77 est le dernier grand convoi ayant quitté Drancy le 31 juillet 1944 à destination d’Auschwitz emportant vers le camp de la mort 1306 hommes, femmes et enfants.

Nous avons choisi vous présenter le portrait du déporté Marcel Salomon SIMON et nos camarades ont travaillé sur sa mère et son père. Nous avons choisi cette famille car un professeur du collège porte le même nom : en effet nous vivons dans une ville qui n’était qu’un village pendant la Seconde Guerre mondiale donc nous ne pouvons travailler sur des déportés locaux.

Marcel Salomon SIMON est né le 25 mars 1903 au 91 Faubourg Saint Martin à 22 heures, dans le dixième arrondissement de Paris. Il est l’enfant de Charles SIMON, né le 28 janvier 1875 dans le troisième arrondissement de Paris et de Mathilde SIMON, de son nom de jeune fille LEVY, née le 20 octobre 1875 à Soultz-les-Bains en Alsace. Charles est négociant à la naissance de Marcel, quant à Mathilde, elle n’a à ce moment aucune profession.

Grâce aux recensements de population, nous avons pu découvrir que Marcel est l’aîné d’une fratrie, trois frères naissent après lui : André Isaac SIMON né le 30 novembre 1905, Roger Alexandre SIMON né le 3 décembre 1907, et le dernier, Georges Edmond SIMON né le 13 octobre 1911. On se rend compte que dans les prénoms des deux derniers enfants, les parents ont abandonné le prénom israélite, ce qui peut être un signe de leur volonté d’assimilation et de leur lien à leur judaïsme.

Ses trois frères sont nés au 254 Faubourg Saint Martin. La famille SIMON a donc déménagé entre 1903 et 1905. Sur l’acte de naissance de Roger, nous pouvons voir que Charles a changé de profession et que Mathilde en possède désormais une : ils sont tous deux devenus libraires. Puis 3 ans après, ils changent encore une fois de métier et deviennent employés de commerce, chose que nous pouvons remarquer sur l’acte de naissance de leur dernier enfant, Georges.  Une fois adulte, le petit dernier, deviendra employé de banque au 33 avenue Ferrere au pré Saint Germain comme son ainé André mais qui lui habitera à Montrouge. Pour ce qui est de Roger, il reprendra l’ancienne profession de son père, négociant, au 67 boulevard de la République à Agen.

Nous avons aussi pu constater grâce au recensement de population de 1936 qu’une certaine Yolande LEVY née le 4 juillet 1928 habitait avec Charles, Mathilde et Marcel en 1936. Étant née en 1928, elle avait alors huit ans. L’acte de décès de Yolande nous a permis de comprendre qu’elle est la cousine de Marcel. Le père de Yolande se nomme Léon LEVY, il porte le même nom que Mathilde. Nous avons donc pu en conclure que Léon est le frère de Mathilde, qui est elle-même la tante de Yolande puisque Marcel est son cousin.

Acte de décès de Yolande LEVY © Mairie de La ferté Bernard

Marcel a vécu la première Guerre Mondiale alors qu’il était enfant. Etant né en 1903, en 1914 au début de la Guerre, Marcel a donc 11 ans. En 1918, l’armistice est signé et Marcel a maintenant 15 ans.

Marcel ne s’est jamais marié et n’a jamais eu d’enfants. Il a passé toute sa vie aux côtés de ses parents.

Quand la Seconde Guerre mondiale commence, le premier septembre 1939 avec l’attaque de la Pologne par l’Allemagne, Marcel a alors 36 ans.

En France, débute alors la “drôle de Guerre”. Les soldats attendent sur les anciennes lignes de fortifications de la Première Guerre mondiale mais l’attaque allemande se fait attendre. Ce n’est qu’en mai 1940 qu’est lancée la première attaque allemande. Les Allemands passent par la Belgique et attaquent les Français à revers. Ces derniers n’y sont bien sûr aucunement préparés et c’est alors que la débâcle a lieu. Les soldats français fuient vers le Sud-Ouest et l’Ouest tandis que l’armée allemande progresse toujours.

Pour les populations civiles, c’est l’exode : tout le monde est sur les routes et part vers le Sud. Ce n’est pourtant pas le cas de Marcel et ses parents qui eux préfèrent rester à Paris. Le 18 juin 1940, Charles de Gaulle appelle à la résistance, pourtant le 22 juin 1940, l’armistice est signé dans la forêt de Compiègne : la France est défaite et Pétain va la diriger sous le régime de Vichy.

Depuis octobre 1940, il existe une collaboration entre l’Allemagne et le régime de Vichy. À partir de ce moment-là, la vie se complique énormément pour les Juifs de France. La loi du statut des Juifs est promulguée le 3 octobre 1940. Elle interdit aux Juifs beaucoup de métiers. Sont interdits, tous les métiers à responsabilité, tous les métiers en contact avec la population, tous les postes de fonctionnaires et aussi certains services publics. Des affiches seront éditées ensuite qui « caractériseront » un « profil » (un nez crochu, des cheveux brun foncé…) et  Vichy et les Nazis organisent aussi un recensement total de la population juive française. Les fiches de recensement faciliteront l’arrestation des Juifs. Nous avons découvert dans les archives du mémorial de la Shoah que Marcel était allé se faire recenser en 1943, accompagné de ses parents.

Au printemps 1942, le port de l’étoile jaune est imposé aux Juifs. Tous devaient en avoir une cousue sur tous leurs vêtements. Pour se procurer le tissu, ils devaient échanger des tickets de rationnement contre ce dernier, mais ce n’était pas évident pour tout le monde, des personnes n’avaient pas les moyens comme les familles nombreuses.

Les autorités françaises ou allemandes trouvaient beaucoup de prétextes futiles pour arrêter les Juifs : une étoile un peu mal cousue, lorsqu’il enlevait leur veste mais n’avait pas d’étoile en dessous… Les juifs devaient être prudents à tout moment.

Plus tard le 16 et 17 juillet 1942, va avoir lieu la rafle du Vel D’Hiv, de son nom complet rafle du Vélodrome d’Hiver. Elle va totalement être organisée par l’État français pour plaire à l’état allemand. Les juifs parisiens vont être arrêtés par la police française avec 9000 gendarmes et policiers. Ils arrêtent au total plus de 13000 Juifs. Les familles ayant des enfants de moins de 16 ans sont toutes amenées au Vel d’Hiv en attendant d’être emmenées vers des camps d’internement. Tous les autres sont directement amenés à Drancy, un autre camp d’internement, pour être ensuite déportés à Auschwitz. Il n’y a qu’une seule photo prise durant toute la rafle*.

Heureusement pour Marcel, Charles et Mathilde, ils ne furent pas inquiétés par cette rafle.

Nous n’avons aucune information à ce sujet. Nous émettons donc une hypothèse. Nous pensons qu’ils se sont cachés lors de la rafle ou ont été prévenus par des voisins ou agents de police.

Crédits Photo: © Mémorial de la Shoah/coll. BHVP

De juin 1940 à août 1944, la France est occupée par les Allemands qui interdisent l’utilisation des radios étrangères et le contact entre les Juifs et les non-Juifs. De ce fait, Marcel travaillant comme manœuvre dans la librairie de ses parents, perdit son emploi le 25 janvier 1943 lors de l’aryanisation de cette librairie. En mai 1944, le nazi qui avait repris la librairie démissionne de son rôle d’administrateur car ce n’est pas assez rentable. Il vend alors la boutique pour 30 000 francs malgré son chiffre d’affaires de 137 745 francs en 1936 qui était déjà descendu à 96 760 en 1940. C’est ce que nous avons découvert lors de notre visite au mémorial de la Shoah.

Charles, Mathilde et Marcel SIMON sont mis à la disposition de la Sicherheitspolitzei le 27 juillet 1944 pour avoir continué leur ancien commerce où ils faisaient “des mouvements de propagandes pour des radios étrangères”, comme il est inscrit sur le registre d’arrestation. En réalité, Marcel et ses parents ne faisaient pas de propagande, ils devaient simplement passer par la librairie en bas de chez eux pour sortir dans la rue. Ils devaient donc passer par leur ancien commerce désormais interdit aux juifs et croiser les clients de cette librairie appartenant à un commerçant non-juif. Marcel a été arrêté à son domicile par la milice allemande le 27 juillet 1944 selon les archives du mémorial de la Shoah ou le 20 juillet 1944 d’après Yad Vashem. Nous n’avons pas le moyen de vérifier cette date.

Il est envoyé à Drancy et sur sa fiche il est inscrit la lettre B qui signifiait qu’il pouvait être déporté dans l’heure. Il a eu comme matricule 25 335. Grâce à une carte du camp de Drancy, nous avons pu déduire qu’il était à l’escalier 3, Mathilde était à l’étage 2 escalier 18 et l’étage 4 était pour les hommes.

Les conditions de vie étaient déplorables. Nous savons que les camps étaient des bâtiments non finis avec des pièces sans murs intérieurs et uniquement un sol brut. En effet, seuls le gros œuvre était achevé.

Ces endroits possédaient très peu de toilettes, rapidement bouchées dû au grand nombre d’internés, avec uniquement un court jet d’eau pour se laver qui se trouvait à l’extérieur du bâtiment, donc pratiquement inutilisable en hiver à cause du froid glacial et du vent. Cependant, en été, les températures étaient insupportables : l’aération peu présente et le nombre important de personnes gardaient la chaleur dans le camp.

Les déportés dormaient entassés. Les maladies étaient omniprésentes du fait de la surpopulation et du manque d’hygiène. L’intérieur du camp était assez sombre avec peu de sources de lumière, les fenêtres étaient ainsi peintes en bleu étant donné que les nazis risquaient de bombarder le bâtiment s’ils remarquaient de l’activité.

Marcel a été déporté dans le convoi 77 le 31 juillet 1944 à 41 ans. Il est parti du camp de Drancy en autocar de la ville de Paris jusqu’à la gare de Bobigny : là il est monté dans des wagons à bestiaux et a traversé la France puis toute l’Allemagne durant 3 jours et 3 nuits dans des wagons à bestiaux. Les juifs pouvaient y être entassés jusqu’à 60 par wagons avec seulement un seau pour faire ses besoins et un seau d’eau pour tout le trajet.

A leur arrivée au petit matin, les déportés arrivent sur la rampe à Auschwitz Birkenau et ils sont sélectionnés sur le quai : les hommes et les femmes en âge de travailler et en bonne condition physique étaient amenés à entrer dans le camp de concentration, pour tous les autres, comme les enfants en bas âge, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap…, ce n’étaient pas les travaux forcés qui les attendaient mais la mort. Ils sont directement amenés aux chambres à gaz : les Nazis les font se déshabiller puis les gazent avec du Zyclon B. Ce gaz est seulement utilisé à Auschwitz Birkenau.

Malheureusement pour Marcel et ses parents, ils sont conduits tout droit vers les chambres à gaz à cause de leur âge, 68 pour Mathilde, 69 pour Charles et 41 pour Marcel. Nous pouvons émettre deux hypothèses possibles sur le fait que Marcel soit directement gazé alors qu’il n’a que 41 ans. Premièrement, nous supposons qu’il est monté dans les camions de présélection à l’arrivée du camp pour aider et accompagner ses parents, plus faibles que lui. Il est également possible qu’après toutes les restrictions, il est tellement maigre et affaibli qu’il ne pourra pas travailler. On suppose leur mort au 5 août 1944 car il n’y a pas de trace d’une éventuelle entrée dans le camp pour Marcel. La loi décide donc de dire qu’ils sont morts le jour de leur arrivée au camp, soit 3 jours après le départ du convoi.

Le camp d’Auschwitz fut libéré le 27 janvier 1945.

Célibataire jusqu’à sa déportation à 41 ans, Marcel n’a pas de descendants directs. Ce sont ses frères qui ont fait les démarches séparément pour obtenir la régularisation de l’état civil d’un non-rentré le 30 avril 1946. Le but était de faire acter son décès ou de le faire passer sous le titre de victime de guerre pour motif israélite.  La quantité de demandes sur une même personne semblant ralentir le processus, ainsi, André a récupéré les documents et l’argent avant de repartager équitablement ce dernier entre ses frères et lui.

Nous le savons grâce aux documents que nous avons trouvés.

Mais ne pouvant mettre qu’un seul destinataire à la compensation financière, André a tout récupéré et repartagé avec ses frères encore vivants.

Archives

 

Carte de recrutement lors du service militaire de Marcel SIMON.
Les 8 documents ci-­dessus proviennent de: https://archives.paris.fr/r/123/archives-­‐numerisees

Ancienne carte de Paris, Hôpital Saint‐Louis le 254 est l’adresse où vivaient les SIMON pendant la guerre. https://archives.paris.fr/r/123/archives-­‐numerisees

Google Map

 

Mémorial de la Shoah : https://www.memorialdelashoah.org

Contributeur(s)

Ce travail a été réalisé durant l’année 2023-2024 par des élèves de 3e du collège Les Blés d'Or à Bailly-Romainvilliers en France, encadrés par leurs professeures Madame JORRION, professeure de français, et Madame GARILLIERE, professeure d'histoire-géographie. 

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