Bernard TONNINGEN (1899-1944)
Bernard Tonningen, n’est pas un numéro de dossier…
Bernard Tonningen est un visage, une vie brisée.
I/ Une jeunesse à Amsterdam
Bernard Tonningen naît le 25 octobre 1899 à Amsterdam, aux Pays-Bas. Il demeure probablement au Tolstraat 103 II, la dernière adresse connue de son père, avec son frère aîné, Alexander Tonningen (1898-1943) et ses deux parents, Salomon Tonningen (1871-1943)[1] et Rachel Voorzanger (1872-1912), qui se sont mariés en 1896.
Dans cette rue, qui faisait partie du quartier De Pijp, vivaient de nombreux habitants juifs. Cet espace urbain fut construit à la fin du XIXᵉ siècle au sud d’Amsterdam pour absorber la forte croissance démographique de la ville. De Pijp était, pendant la première moitié du XXe siècle, un quartier multiculturel où habitaient une grande communauté juive.
Plan d’Amsterdam en 1914 avec le quartier De Pijp
En 1892, dans la rue Gerard Doustraat, une grande synagogue est construite, qui devient un des centres actifs du quartier. C’est aujourd’hui la plus ancienne synagogue ashkénaze de la ville encore en activité.
La Synagogue Gerard Dou, quartier De Pijp
Dans la même rue que celle où vivait Bernard Tonningen, résidait le polisseur de diamants van Asscher, c’est pour cela que le quartier s’appelle aussi Diamantbuurt (quartier des diamants). Chaque semaine, se tenait le marché Albert Cuypmarkt fréquenté par de nombreux marchands juifs. Ce marché est aujourd’hui encore un des plus importants d’Amsterdam, mais la présence juive y a disparu après la guerre. Rappelons ici la forte et ancienne communauté juive à Amsterdam. On dénombrait près de 80 000 juifs dans la ville. Le nom familier d’Amsterdam est encore aujourd’hui « Mokum », ce qui veut dire « place » en yiddish. Avant le XIXe siècle, les communautés juives étaient diverses. Leurs métiers, associations, traditions, marchés et quartiers, ont donné un caractère unique à la ville d’Amsterdam du XXe siècle.
Il y a eu deux immigrations juives principales aux Pays-Bas. La première, dès le XVIe siècle, quand les communautés juives chassées du Portugal sont arrivées à Amsterdam. Ils ont construit la première synagogue de la ville en 1675 : la Esnoga. La deuxième, dans les années 1930, quand les juifs allemands et de l’Europe de l’Est ont fui les persécutions (la famille d’Anne Frank, par exemple). Après la Shoah, il ne restait que 5 000 juifs amstellodamois.
D’après nos recherches et nos déductions, Bernard Tonningen a sans doute été scolarisé soit à la Wilhelmina Catharinaschool (Weteringschans 263), soit à la Herman Elteschool (Nieuwe Keizersgracht), deux écoles proches de sa maison, qui étaient fréquentées par beaucoup d’enfants juifs. Aujourd’hui, ces deux écoles juives n’existent plus.
Bernard Tonningen mène donc la vie d’un jeune Amstellodamois d’un quartier populaire et d’une ville préservée de la folie de la Grande Guerre qui a embrasé l’Europe à partir de l’été 1914.
Bernard Tonningen devait être un bon élève puisqu’il a été lycéen – peu courant pour l’époque – jusqu’à l’obtention d’un HBS, équivalent du Havo/VWO aux Pays-Bas et du baccalauréat en France.
À l’âge de 18 ans, en 1918, il est convoqué pour faire son service militaire. Cependant, son frère ayant déjà fait son service, il en fut exempté. Bernard avait aussi tenté d’y échapper en déclarant une malformation du pied, mais le médecin n’étant pas convaincu, il reste mobilisable. Il a indiqué vouloir s’engager dans l’artillerie à Amsterdam en cas de mobilisation. On apprend aussi par cette archive[2] que Bernard Tonningen faisait 1,69 mètres
Le 1ᵉʳ août 1925, à l’âge de 25 ans, Bernard Tonningen est rayé de la ville d’Amsterdam, soit un an après son arrivée en France. Le jeune Néerlandais et Amstellodamois émigre en France et devient Parisien.
II/ Un Parisien dans l’entre-deux-guerres, 1924-1939
En 1924, Bernard Tonningen fait donc le choix de quitter les Pays-Bas pour s’installer à Paris, au 3 bis, rue des Rosiers, dans le Marais[3] C’est alors un quartier populaire, un carrefour de rencontres, animé par une communauté juive dynamique et une effervescence intellectuelle. Le jeune Bernard Tonningen, expert-comptable de profession, y commence une nouvelle vie.
Carte d‘identité d’étranger, 1938, AD 21 w 250
Les années 1920 et 1930 sont des décennies de transformation et d’espoirs, mais aussi de tensions croissantes. A partir de 1933, le nazisme projette une ombre menaçante sur l’Europe. En France, la menace des ligues d’extrême droite en 1934 est contrée un temps par la victoire du Front Populaire en 1936.
3 bis rue des Rosiers, Le Marais, Paris
Dans ce contexte, on en déduit que Bernard Tonningen continue de vivre et de travailler à Paris, s’immergeant dans la vie culturelle et sociale de la capitale. En 1938, sa carte d’identité d’étranger mentionne qu’il est marchand ambulant et qu’il est marié à une Française, Raymonde Vincent[4].
III/ Bernard Tonningen, un Parisien face à la guerre, un étranger engagé pour la défense de la France
Lorsque la guerre éclate le 3 septembre 1939, Bernard Tonningen, bien qu’étranger, veut se battre. Il réside alors 24, rue Cardinet dans le XVIIe arrondissement.
Le 12 octobre, il se présente au Centre spécial de recrutement des étrangers de la Porte Clignancourt, de la Légion étrangère, non pas pour rejoindre la Légion elle-même, mais pour probablement intégrer un des trois régiments de marche de volontaires étrangers (RMVE). Il fait partie des 40 000 juifs étrangers qui se sont s’engagés. C’est un chiffre énorme si on le rapporte à une population juive étrangère estimée à 150 000 personnes en 1939 et est la preuve d’une conscience aiguë du péril qui pèse sur la France et les communautés juives en particulier. Bernard Tonningen est certes un Parisien parmi tant d’autres, mais aussi un juif néerlandais qui a choisi de se battre pour un pays qui n’est pas le sien. Pour lui, cette cause est sûrement personnelle : il ne peut rester indifférent face à l’oppression et à la tyrannie d’un régime antisémite et raciste qui menace la France mais aussi son pays de naissance, les Pays-Bas.
Avec la défaite des armées françaises et l’armistice du 22 juin, Il est démobilisé en juin 1940, ce qui marque la fin de son engagement dans la guerre, mais pas la fin de son combat.
IV/ Un étranger en zone libre, vivre et survivre sous Vichy
Après sa démobilisation, Bernard Tonningen quitte Paris pour le sud de la France. Nous supposons qu’il part pour éviter de vivre sous occupation allemande et pouvoir se mettre à l’abri en zone dite libre. Directement administrée par l’État Français du maréchal Pétain, la zone libre doit être une protection pour Bernard Tonningen, étranger certes mais engagé en 1939 pour la défense de la patrie. Il s’installe donc dans l’Aveyron, peut-être pour mettre le maximum de distance entre lui et les persécutions xénophobes et antisémites qui sont déjà menées par Vichy.
Les différentes archives étudiées permettent de comprendre que Bernard Tonningen, en tant qu’étranger, était obligé de se déclarer aux diverses autorités et qu’il a occupé différents emplois, toujours précaires.
Début 1941, il habite donc dans le village de Saint-Côme sur Lot, où il loue une chambre à l’hôtel Cabanettes, et travaille à Espalion à quelques kilomètres.
Hôtel Cabanettes, Saint-Côme-d’Olt
Il est autorisé par le ministère du Travail à occuper un emploi. Il est d’abord chef de fabrication dans une entreprise dirigée par Simon Affre à Espalion, puis en mars, est employé comme simple « manœuvre routier » dans une entreprise de ponts et chaussées, ce qu’atteste l’ingénieur Pierre Godeux. A cette date, il demande le renouvellement de sa carte d’identité de travailleur étranger. On apprend qu’il réside toujours à Saint Côme et est enregistré cette fois comme marchand ambulant.
En novembre 1941, dans la fiche de renseignements du ministère du Travail pour compléter sa demande de renouvellement de sa carte d’identité, il déclare qu’il est travailleur industriel et manœuvre pour la société des mines CFD à Decazeville toujours dans l’Aveyron.
A chaque fois qu’il renouvelle sa carte d’identité, les autorités enregistrent et soulignent son engagement comme volontaire étranger en 1939, ce qui lui permet un temps d’échapper à l’incorporation obligatoire des étrangers dans des GTE, groupements de travailleurs étrangers, créés par la loi du 27 septembre 1940 sur « les étrangers en surnombre dans l’économie nationale ».
On comprend que Bernard Tonningen fait tout pour être en règle avec les autorités et trouve toujours un emploi, autant pour se rendre indispensable que pour survivre dans un environnement de plus en plus hostile aux étrangers.
V/ Bernard Tonningen, un juif étranger en danger
Pour Bernard Tonningen, le moment de bascule a lieu très certainement lorsque, conformément à la loi de recensement obligatoire des juifs du 2 juin 1941, il se présente, le 15 décembre 1941, en mairie d’Espalion[5] pour y être recensé. Pour les autorités de Vichy, il n’est plus seulement un étranger à surveiller mais un juif, c’est-à-dire un indésirable à écarter. Identifié comme un juif étranger, il est maintenant en danger.
Le nom de Bernard Tonningen figurant sur la liste de recensement des juifs à Espalion, Aveyron, le 15 décembre 1941. ADA324 w 541
Sa situation se dégrade. Malgré les difficultés, Bernard Tonningen continue, de s’adapter et de trouver les moyens de subsister dans un monde qui semble déterminé à l’écraser. Il est vraisemblablement incorporé dans un GTE, un groupe de travailleurs étrangers, et a dû être détaché sur différents sites et chantiers en fonction des besoins de main d’œuvre (Espalion, Saint-Julien de Piganiol, Entraygues).
VI/ Bernard Tonningen, un résistant dans les griffes nazies
Pour des raisons qu’on ignore, Bernard Tonningen quitte Espalion pour s’installer à Perpignan au 23, boulevard Jean-Bourrat. Est-ce pour rejoindre sa femme ou pour se raprocher de la frontière espagnole ? On ignore qui Bernard a épousé, où et quand.
Le 2 juin 1944, Bernard est arrêté par la Gestapo à Perpignan au motif qu’il est : « israélite faisant de la résistance ». Il est donc membre de la Résistance, ce qui est cohérent avec son parcours depuis 1939, mais nous n’en savons pas plus sur son engagement. Et pas davantage actuellement sur les conditions de son arrestation.
Il est d’abord interné à la citadelle de Perpignan. Occupée depuis fin 1942 par les nazis et gérée par la SIPO-SD (Sicherheitspolizei) dont fait partie la Gestapo, la citadelle joue un rôle clé dans les rafles et arrestations du sud de la France. Les prisonniers y étaient systématiquement torturés puis exécutés ou déportés. Le même jour, Samuel Barouh, jeune résistant juif réfugié à Perpignan durant la guerre, est arrêté et lui aussi conduit au siège de la Gestapo.
Après dix jours passés dans des conditions terrifiantes, Bernard Tonningen est transféré le 12 juin au camp de Royallieu-Compiègne, à 60 kilomètres de Paris. Établi en juin 1941 et géré directement par la SD nazie, c’est le Frontstalag 122. Il sert de centre d’internement et de transit pour les résistants et les opposants politiques. De nombreux juifs et tziganes y sont aussi enfermés. Bernard Tonningen y est enregistré sous le matricule 41 082. Il y arrive donc à la fois en tant que résistant et juif. Il fait partie des 54 000 personnes qui y ont été internées, avec Samuel Barouh.
Bernard Tonningen a dû séjourner dans la zone C, dite “camp des juifs”, où les juifs arrêtés sont séparés des autres prisonniers, mais il est difficile de le prouver : les archives du camp ont été détruites par les Allemands.
VII/ Bernard Tonningen, déporté par le convoi 77 et assassiné
Le 6 juillet 1944, Bernard Tonningen est transféré au camp de Drancy, situé en banlieue parisienne. Initialement conçu comme une cité ouvrière moderne, Drancy devient en 1942 le principal centre de transit pour les juifs arrêtés en France, centre où ils attendent dans des conditions inhumaines leur transfert vers une mort quasi certaine. Enregistré sous un autre le matricule 24893, Bernard Tonningen est fouillé, ses 450 francs lui sont « consignés » contre reçu, ce qui est révélateur de procédures donnant l’impression d’une normalité administrative pour camoufler l’arbitraire et la complicité dans le crime. Bernard Tonningen est placé dans la partie escalier 18, chambrée 4, puis assigné à l’escalier 4 et, à la veille du départ du convoi numéro 77, dans l’escalier 2, près de la porte d’entrée. Les futurs déportés sont, deux ou trois jours avant le départ, affectés à un escalier et à des chambrées distincts de ceux du reste des internés du camp, avec lesquels ils ne sont plus autorisés à avoir de contacts.
Tonningen Bernard ©Mémorial de la Shoah
Tonningen Bernard © Mémorial de la Shoah
Le 31 juillet 1944, Bernard Tonningen est déporté, de même que Samuel Barouh, vers Auschwitz-Birkenau dans le dernier convoi parti de la gare de Bobigny à midi. Le trajet vers l’Est dure plus de trois jours dans des conditions déshumanisantes. Lorsque les 1306 déportés arrivent à Auschwitz-Birkenau, 986 hommes, femmes et enfants sont directement assassinés dans les chambres à gaz, sans jamais entrer dans le camp. Ceux qui ont été sélectionnés pour le travail forcé (291 hommes et 183 femmes) sont enregistrés et tatoués.
Bernard Tonningen est tatoué sur l’avant-bras du matricule B-3941. D’après le témoignage écrit en février 1946 par Hugo Perez, l’un des survivants du convoi 75 et résidant également à Perpignan, qui a vécu avec Bernard Tonningen ces journées terribles, il a été affecté dans un des baraquements du bloc 2 du camp et assigné à un Kommando de terrassement (un des kommandos extérieurs parmi les plus durs). Régulièrement, les déportés les plus faibles sont envoyés à la chambre à gaz lors de sélections conduites par les SS.
D’après Hugo Perez, lors d’une sélection qui concerne environ 850 hommes, fin octobre 1944 Bernard Tonningen est « tiré au sort ». Témoin de la scène, Hugo Perez précise que Bernard est emmené dans un camion qui allait à la chambre à gaz, et que le camion n’est revenu qu’avec les « uniformes » des déportés. C’est sur la base de ce témoignage qu’après la guerre, à la demande d’un notaire néerlandais voulant solder une succession à Amsterdam, qu’un certificat de décès officiel établit la date du décès à la fin octobre 1944.
Source : dossier 21 P 544 464 @DAVCC Caen
Cependant, Bernard Tonningen échappe à cette sélection et est transféré le 28 octobre dans un autre camp dans le nord de la Pologne, le Stutthof, avec de nombreux autres déportés[6]. Ce camp de concentration est un réservoir de main d’œuvre d’esclaves pour les entreprises installées dans la région.
Source : @archives de Bad Arolsen
Source : Dossier 21 P 544 464 @DAVCC Caen
Résumé du parcours de Bernard TONNINGEN établi en 1968. On peut voir que son numéro de matricule à Compiègne est le 41.082. La date de son décès est fausse, car elle repose sur un témoignage approximatif. Il faudra l’accès aux documents de Bad Arolsen pour que, des dizaines d’années plus tard, on connaisse le parcours intégral de Bernard Tonningen dans l’univers concentrationnaire.
Source : @archives de Bad Arolsen
Il y est enregistré sous le matricule 0217 et est sélectionné pour le travail forcé en tant que métallurgiste. Les conditions de vie y sont inhumaines : privations, épuisement, brutalités. Dans les archives du camp de Stutthof, figure un certificat de décès précisant que le 31 décembre 1944, à 7 h 35, Bernard Tonningen meurt des suites d’un « problème cardiaque ». On sait qu’en réalité, il est mort d’épuisement et de malnutrition. Il avait 44 ans.
@Bad Arolsen
C’est une preuve de cynisme de la part des autorités nazies, car même si elles ne cachaient pas leurs intentions de vouloir anéantir les juifs, la bureaucratie camouflait la réalité du crime.
Le 2 janvier 1945, le chef des crématoriums rédige le certificat d’incinération du corps de Bernard Tonningen. Sa mort prouve l’ampleur de la barbarie nazie et l’effacement brutal de millions de vies innocentes.
Itinéraire et déportation de Bernard Tonningen. 1924-1944
VIII/ La famille Tonningen, brisée et anéantie par la Shoah
Dans une lettre très émouvante, rédigée le 19 juillet 1945, la femme de Bernard Tonningen, sans nouvelles de son mari déporté, s’adresse au Service des Recherches d’Israélites pour obtenir des informations. On comprend qu’elle s’est entretenu avec Hugo Perez, déporté rescapé du Convoi 77 qui fut à Auschwitz avec son mari. Elle sait donc où son mari a été déporté, mais ne connaît pas le sort de son époux et espère qu’il reviendra. Nous n’avons pas trouvé d’autres documents la concernant.
Source : dossier 21 P 544 464. @DAVCC Caen
Lettre de l’épouse de Bernard Tonningen demandant des renseignements sur le sort de son mari. Elle explique que Hugo Perez lui a raconté sa version de la disparition de Bernard.
Cette tragédie est aussi marquée par l’anéantissement de la famille néerlandaise de Bernard Tonningen. Son père, Salomon Tonningen, et son frère, Alexander Tonningen, ont eux aussi été victimes de la Shoah. Ils étaient tailleurs de diamants, mariés et vivaient à Amsterdam. La ville est occupée par la Wehrmacht dès le printemps 1940 et est contrôlée par la SS, qui mène très vite une politique de persécutions antisémites. Arrêtés au printemps 1943, ils sont déportés vers le camp de transit de Westerbork, au nord des Pays-Bas.
Salomon, le père de Bernard, est déporté vers Sobibor avec sa deuxième femme, Judith Tonningen-Engelander, le 6 avril 1943. Ils sont assassinés dès leur arrivée le 9 avril.
Alexander, le frère aîné de Bernard, né le 20 mai 1898 à Amsterdam, a eu, selon les archives néerlandaises plusieurs métiers (polisseur de diamants, comptable, employé de bureau). Dans les archives militaires, on apprend qu’il a effectué un long service dans l’artillerie. Il est déporté vers Sobibor le 1 juin 1943 et est lui aussi assassiné au terme de son trajet le 4 juin 1943, avec son épouse Susanna Tonningen-Leuw, née le 14 juin 1879.
La question d’une succession d’un bien de la famille Tonningen s’est posée après-guerre. Maître van Ketel, notaire à Amsterdam, a contacté l’ambassade des Pays-Bas en France et les ministères concernés français pour obtenir des informations et un certificat de décès permettant de solder une succession à Amsterdam dont Bernard était le co-héritier. Nous supposons donc qu’il y avait d’autres héritiers, mais nos recherches ont été infructueuses à ce jour.
Dossier 21 P 544 464 @DAVCC Caen
Dossier 21 P 544 464 @DAVCC Caen
Aujourd’hui, Bernard Tonningen n’est pas seulement un nom parmi les 75 568 juifs déportés de France inscrits sur le Mur des Noms au Mémorial de la Shoah de Paris. Des fragments de son histoire personnelle sont ici révélés. Bernard Tonningen a mené une vie pleine d’espoirs et de difficultés mais elle a été brisée.
Pour nous, élèves du Lycée français Vincent Van Gogh de La Haye, cette enquête fut donc extrêmement enrichissante et souvent émouvante. Nous espérons que notre modeste travail aidera, non seulement à commémorer monsieur Tonningen, mais aussi à empêcher que ne soient oubliés les millions de juifs persécutés et assassinés pendant la Shoah.
Constance, Anna, Charlotte, Azhar, élèves de 1 R. Eva, Saoussane, Anaïs, Maxime, Maxence M, Maxence D, Hippolyte, Hannah, Léonard, Augustin et Clément, élèves de Terminale du Lycée français des Pays-Bas Vincent Van Gogh.
Nous tenons ici à remercier madame Podetti pour ses conseils avisés ainsi que monsieur Massbaum, auteur de l’ouvrage Aveyron-Drancy-Auschwitz (1940-1944) : récits individuels par communes des 391 Juifs déportés ayant vécu en Aveyron, et qui a bien voulu mettre à notre disposition de précieuses archives concernant Bernard Tonningen.
Sources :
- Archives de Bad Arolsen : KL STUTTHOF
- Dossier 21 P 544 364, DAVCC, Caen.
- Digitaal Joods Monument https://www.joodsmonument.nl/en/page/167405/salomon-tonningen
- Archives néerlandaises
Simon Massbaum, Aveyron-Drancy-Auschwitz (1940-1944) : récits individuels par communes des 391 Juifs déportés ayant vécu en Aveyron, Association pour la mémoire des déportés juifs de l’Aveyron Fils et filles des déportés juifs de France, 2022, préface de Serge Klarsfeld et Alexandre Doulut.
Notes & références
[1] Digitaal Joods Monument https://www.joodsmonument.nl/en/page/167405/salomon-tonningen
[2] Open Archieven
Stadsarchief Amsterdam, Militieregisters
Part: 4427, Period: 1827-1940, Amsterdam, archive 5182, inventory number 4427
https://archief.amsterdam/inventarissen/scans/5182/2.2.2.2.1.202/start/120/limit/10/highlight/8
[3] Carte d’identité de Bernard Tonningen, datant de 1938, AD 21 w 250 (26).
[4] Carte d’identité de Bernard Tonningen, datant de 1938, AD 21 w 250 (26).
[5] Une plaque à Espalion commémore les 42 Juifs réfugiés, hommes, femmes et enfants, dans la ville et ses environs qui y ont été arrêtés avant d’être déportés. Bernard y figure.
[6] Comme, au moins, pour ceux du convoi 77 Raphaël Caraco, Albert Cahan, Cadok Davidson, Etienne Moszer, Willy Fischer, Serge Fiskus Foder, Henri Frajenberg, Maurice Grinberg, François Grosz, Jacques Khinkis, Robert Kirschbaum, Maurice Kurnentz, Georges Machlis, André Malka, Henri Manewitz, Joseph Misreh, Simon Razon, (Maurice Minkowski y aurait été envoyé le 16 octobre), Jacques Reboah, Isaac/Jacques Roumi, Henri Saisier, Joseph Sieder, Norbert Tugendhat, selon la recension de Volker Mall.