Eugénie LALLEMAND

1868 - 1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: ,

Biographie d’Eugénie LALLEMAND, née MICHEL

Réalisée par la classe 1L1 du lycée Raymond Poincaré de Bar-le-Duc, sous la direction de monsieur Cané.

Portrait d’une femme courageuse

Eugénie Michel est née le 8 juillet 1868 à 1 h30 à Saint-Dizier dans la Haute Marne dans le Grand Est. Elle est la fille de Jacques Michel, 30 ans, marchand colporteur originaire du Bas-Rhin et Luce Mayer, 25 ans , sans profession, originaire de Saint-Dizier. Eugénie ne semble pas avoir eu de frères et sœurs.

Elle passe une grande partie de son enfance dans le quartier ouvrier de Marnaval, rue de Joinville. Selon L’histoire de Saint Dizier, rédigée par l’abbé Charles Didier et gracieusement fournie par les archives de la ville, Marnaval est un quartier industriel et ouvrier consacré à la sidérurgie. Il prend son essor après la guerre de 1870, sous l’impulsion de la société des forges de Marnaval qui agrandit et modernise les usines. Le 1er mars 1881, M. Emile Giros voulant étendre le réseau des usines crée la compagnie des forges de champagne et du canal de Saint-Dizier à Wassy. Elle exploite les hauts fourneaux, les briqueteries, les forges laminoirs, les tréfileries et acieries de Marnaval Saint Dizier sur une superficie de 1120 hectares reliés par des chemins de fer particuliers à la ligne de chemin de fer de l’Est, ainsi que des ports spéciaux sur le canal de la Haute-Marne.

La rue de Joinville à Saint Dizier, quartier de Marnaval, où grandit Eugénie vers 1868.

La même aujourd’hui.

Son enfance est celle d’une petite fille d’un quartier populaire, bercé par le bruit des usines où sa maman propose ses services de lingère aux ouvriers. Eugénie se marie le 24 mai 1892 avec Louis Raphaël Lallemand, ouvrier qualifié. De cette union naît une petite fille, Lucienne Raphaëlle Lallemand le 19 septembre 1893.

Le couple part s’installer au 11 rue de Lacondamine, Paris, 17ème arrondissement.

C’est en mars 1943 (à 75 ans!) qu’Eugénie et son mari intègrent le réseau de résistance Hector. Elle sert de boîte aux lettres, ce qui signifie qu’elle garde chez elle des documents compromettants (presse clandestine) et fait passer les messages. Notons également qu’une femme de 75 ans en 1943 n’est absolument pas dans le même état de santé que maintenant au même âge, surtout si elle est originaire d’un milieu populaire au vu des conditions de vie plus difficiles qu’aujourd’hui . Les élèves de la classe de 1L 1 tiennent à saluer le courage de son engagement.

Comme le confirme en 1963 le témoignage de Maurice Southgate, un des fondateurs du réseau (lui même arrêté le 1er mai 1944), les époux Lallemand ont fait office de boîtes aux lettres avec les époux Rousseau demeurant au boulevard Saint-Michel, pour le compte de messieurs Jacques et Pierre Hirsch, membres du réseau.

Jacques Hirsch est le gendre des époux Lallemand.

Le réseau Hector.

Le réseau Hector fut un réseau de résistance français implanté en zone occupée par Alfred Heurteaux et Maurice Southgate du SOE, et subventionné par le service de renseignement de l’armée de l’air de la France Libre. As de la Grande Guerre, Alfred Heurteaux est chargé par Xavier Viallat alors secrétaire d’état aux anciens combattants d’organiser en zone Nord la Légion des Combattants. Heurteaux met à profit ses amitiés d’avant-guerre et ses contacts dans les milieux d’anciens combattants pour implanter un réseau de renseignement. Il ne s’agit pas d’un réseau militaire structuré dans les règles de l’art, mais d’une nébuleuse de petits cercles d’amateurs reliés entre eux par des courants très fluides.

Avec l’accord de Robert Guédon, les groupes Robert de province passent sous la houlette du réseau Hector. Heurteaux subventionne le groupe parisien du Mouvement de Libération Nationale d’Henri Frénay et Robert Guédon, du colonel Ronin, chef du SR Air, et du général Bergeret.

Le contre-espionnage allemand de Paris insère, dans le groupe Hector de Vernon, un V-Mann (homme de confiance), Andreas Folmer, alias Albert Richir. La destruction du réseau commence.

Eugénie est arrêtée le 13 mai 1944 à 12 h à son domicile par 4 membres de la Gestapo, comme le confirme le témoignage de la concierge Léa Banquerel. Son mari Louis est arrêté le lendemain. Les archives n’ont pas permis de savoir ce qu’il est devenu.

Du 13 mai au 29 juillet 1944, Eugénie est internée à la prison de Fresnes. Elle passe par le camp de Drancy du 29 au 31 juillet. Déportée dans le convoi 77, elle survit au voyage. Vu son âge et les conditions ignobles de transport, elle devait avoir la vie chevillée au corps. Elle meurt le jour de son arrivée le 05 août 1944. Toujours en raison de son âge, les Nazis l’ont probablement dirigée immédiatement sur la chambre à gaz.

En mai 1945 sa fille Lucienne Raphaëlle Hirsch-Lallemand et son gendre Jacques Hirsch font une demande de certificat de déportation et de recherche en personne disparue. Ils obtiennent l’acte de décès le 22 avril 1948. Eugénie et son mari Louis Raphaël Lallemand recevront la mention « morts pour la France » la même année. Cette mention est délivrée lorsque le décès est imputable à un fait de guerre.

La classe de 1 L 1 du lycée Raymond Poincaré à Bar-Le-Duc et leur professeur M. Cané remercient l’association convoi 77 de leur avoir donné l’honneur d’établir la biographie d’une si grande dame.

Contributeur(s)

classe 1L1 du lycée Raymond Poincaré de Bar-le-Duc, sous la direction de monsieur Cané

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1 commentaire
  1. klejman laurence 4 ans ago

    Selon Maurice Southgate, liquidateur du réseau Hector dont faisaient partie les époux Lallemand, « J’ai été arrêté […] La gestapo a trouvé dans les messages à envoyer par radio l’adresse de M. Jacques Hirsch à Toulouse. De là, les recherches de la police allemande se sont étendues à ses parents et à ses grands-parents, Mme et M. Louis Lallemand qui ont été arrêtés à Paris en leur domicile, le 13 mai 1944. » (attestation du 5 février 1963) in dossier 21 P 471 908

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