Madeleine BLUMBERG

1926-2004 | Naissance: | Arrestation: | Résidence:

Madeleine BLUMBERG

Source : ©photo personnelle de M.Levha, fils de Madeleine

Madeleine Blumberg (épouse Levha) est née le 1er mars 1926 à Paris (XIIe arrondissement), même si les tables décennales annoncent le 2 mars.

Tables décennales Naissance 12e arrondissement
Source : Blumberg Madeleine© Archives numérisées Paris

Son père est Ybersz Armand Blumberg, juif né à Varsovie, et sa mère Rose Blumberg, née Krantzler, juive née à Constantinople. Tous les deux sont naturalisés français le 6 mars 1929. Ils vivent à Paris dans le XVIIIe arrondissement.

Armand et Rose Blumberg
Source : ©photos personnelles de M.Levha

Madeleine est le deuxième enfant de la fratrie. Sa sœur aînée s’appelle Anna Léone, née en 1922. Quatre autres enfants suivront : André né en 1928, Serge né en 1930, Simonne née en 1932 et Alain Louis né en 1944, dans le camp d’internement de Drancy.

Anna, Armand son père, Simonne et Madeleine
Source : ©photos personnelles de M.Levha

 

André et Serge
Source : ©photos personnelles de M.Levha

Alain Louis
Seul membre de la famille dont nous n’avons pas la photo car Alain naît à Drancy et est assassiné à Birkenau. Il a 15 jours.

Elle est d’abord scolarisée à l’école maternelle de Gennevilliers, ville où est née Simonne, et continue sa scolarité à l’école pour filles rue de Torcy à Paris (XVIIIe arrondissement), non loin de la rue de La Chapelle.

D’après son fils, Madeleine est proche de ses frères et sœurs, notamment de ses deux frères André et Serge avec qui elle « fait des bêtises ». Malgré un père strict, elle a une enfance heureuse.

Depuis 1935, et la construction d’un ensemble de HBM, elle vit avec sa famille au 18 rue Charles-Lauth en lisière du XVIIIe arrondissement de Paris.

A la fin de l’année 1943, la situation à Paris devient trop difficile et les parents décident d’envoyer les enfants les plus jeunes, Serge et Simone, à la campagne Armand, chez madame Boulland et mademoiselle Simon, dans une ferme (l’Herbage à Couterne) du Loiret. Mais les difficultés économiques et la surcharge de travail font que les deux femmes ne peuvent garder que Simone (ce qui lui sauve la vie) et renvoient Serge à Paris en janvier 1944.

Madeleine a 18 ans en 1944.

Anna et Madeleine
Source : ©photo personnelle de M.Levha

L’arrestation

La famille est arrêtée dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944, à une heure du matin, par la Gestapo, dans son appartement. Les Grinberg, habitant le même immeuble, sont arrêtés également. Les circonstances de l’arrestation (la dénonciation volontaire ou involontaire d’un autre habitant de l’immeuble) sont expliquées dans la notice biographique d’Armand Ybersz, le père de Madeleine.

Madeleine est emmenée avec son père, Armand, sa mère enceinte, Rose, et ses trois frères et sœurs Anna, André, Serge. Ils sont internés à Drancy. Ils y restent 23 jours.

Madeleine a le matricule 24.952 et sur sa fiche jaune (déportation immédiate), la mention « fam » pour famille indique qu’elle est arrivée avec sa famille. Ses papiers d’’identité ne sont plus valables à partir du 8 juillet, jour de son enregistrement.

Sa mère accouche dans le camp le 17 juillet d’un garçon, Alain Louis.

Le départ et l’arrivée à Auschwitz-Birkenau

Le 31 juillet 1944, la famille Blumberg est déportée dans le convoi 77, direction Auschwitz-Birkenau. Le bébé Alain-Louis est transporté dans une caisse, remplie de gaze.

A l’arrivée, à Auschwitz-Birkenau, le 3 août, Rose et Alain Louis sont directement dirigés vers les camions qui les emmènent à la chambre à gaz.

On retrouve en décembre 1944 la trace de son frère Serge, 14 ans, au camp de Sachsenhausen. André est hospitalisé « au revier » en janvier 1945, un peu avant la libération d’Auschwitz. C’est la dernière information le concernant dont on dispose.

Madeleine, Anna et leur père Armand sont également sélectionnés pour le travail.

Madeleine est tatouée du numéro matricule A 16.681. A Birkenau, elle est successivement dans les Blocs 14, 16et 18. Elle y reste « trois mois »

Comme le montre ce certificat du 11 juillet 1945, elle est envoyée, en septembre 1944 dit-elle quand elle est interrogée à son retour[1], mais plus sûrement octobre, comme plusieurs femmes du convoi 77, pour travailler au camp de travail de Kratzau, dans les Sudètes, en Tchécoslovaquie sous le numéro 16681.

Avec 120 autres déportées, elle a marché jusqu’à la voie de chemin de fer où des wagons à bestiaux les attendaient. A plus de cent déportées par wagon, selon le témoignage de Régine Skorka-Jacubert, elles ont parcouru 300 kilomètres… en deux jours, alors que l’armée rouge était toute proche.[2]

A Kratzau, elle travaille dans une usine d’armement comme « manœuvre ». « C’était douze heures de travail avec la faim qui tenaillait », précise Régine Skorka-Jacubert. Madeleine estime qu’elles étaient 1100 à travailler dans la même usine.

Madeleine est libérée dans ce camp en Tchécoslovaquie par l’armée soviétique le 8 mai 1945.

Le retour

Madeleine survit aux différents camps. Elle est rapatriée le 28 mai 1945 en train « par les Américains », dit-elle. Elle arrive en France par le centre de Saiint-Avold.

Sa fiche médicale, sur laquelle est inscrit « déportée juive », et son examen médical ne nous donnent pas d’information sur son état de santé. Il est jugé moyen (ce qui ne signifie pas grand-chose) et le document est difficilement lisible. Elle souffre, comme la plupart des femmes rescapées, d’aménorrhées et déclare avoir perdu 10 kilos. Mais son poids en mai 1945 n’est pas spécifié.

Madeleine, sachant ce qu’il était arrivé à sa mère et ne se doutant pas que son père avait survécu, a indiqué qu’elle se rendait à son retour chez madame Percaust 19 avenue de Lutèce, à Colombe, plutôt qu’à l’adresse du domicile familial.

Selon son fils, Madeleine attrape la tuberculose, ce qui lui a donné des difficultés respiratoires tout au long de sa vie.

Sur le questionnaire du mois de juillet 1945, il est indiqué que Madeleine réside 18, rue Charles-Lauth, à Paris. Depuis son retour, elle a donc regagné l’appartement de ses parents.

Certificat du Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés
Source : Blumberg Madeleine © SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21 P 563 43474910

Examen médical
Source : Blumberg Madeleine © SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21 P 563 43474910

Fiche médicale
Source : Blumberg Madeleine © SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21 P 563 43474910

Après la guerre

Madeleine épouse Georges Levha à Alger au début des années 50. Le couple donne naissance en 1956 à leur premier fils, Lionel, et au second, Gilles, en 1958. En 1958, elle réside dans le XV e arrondissement, 8 rue Ernest-Renan, puis, en 1959, elle vit à Colombes, 27 rue Joffroix. La famille déménage ensuite, en septembre, 8 rue Jean- Bouveri à Boulogne-sur-Seine (Boulogne-Billancourt aujourd’hui).

Le 30 juillet 1959, elle se voit attribuer le titre de déporté politique (c’est-à-dire déportée en tant que « israélite »). Elle reçoit la carte de DP le 14 septembre 1958.

Titre de Déporté politique
Source : Blumberg Madeleine ©SHD de Caen DAVCC, Dossier n°21 P 563 43474910

En janvier 1960, Madeleine reçoit par mandat un pécule de 13.200 francs en dédommagement de son internement à Drancy et de sa déportation. Cela représente 250,38 euros aujourd’hui.

Comme de nombreux déportés, Madeleine se confie peu à ses enfants sur son parcours.

Elle leur dit même qu’elle était la seule survivante alors que Anna, Simone et son père Armand ont survécu. Elle semble toutefois avoir gardé contact avec son père.

Elle décède le 14 avril 2004 à Boulogne-Billancourt.

Après sa mort, son fils prendra contact avec sa cousine Josiane, fille d’Anna Léone.

 

Merci à Monsieur Lionel Levha, fils de Madeleine, pour avoir partagé les souvenirs de sa mère avec nous. Merci de nous avoir permis d’utiliser les photos de la famille Blumberg.

 

[1] AN F9 5583. Interrogatoire mené par Seignol, le 11 juillet à 5 heures.

[2] Régine Skorka-Jacubert, Fringale de vie contre usine de mort, Le manuscrit éditions, 2009, p.173-195.

Contributeur(s)

Biographie réalisée par Sarah, Masha, Romane, Iris, Pauline, Rose et Eloane, élèves de Terminale du lycée Jacques Cartier de Saint-Malo.

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