Gaston LEIBOVICE
Ci-contre : Portrait de Gaston Leibovice (Source : SHD, 21 P 475 329, Dossier n° 24 056 de Gaston Leibovice).
La famille de Gaston Leibovice
Gaston Leibovice est né le 28 août 1931 à Lille, dans le Nord de la France. Il habite au 5 cité Lesage Bullourde à Paris, dans le XIème arrondissement, avec ses deux parents : Haimu (ou Heimu) Leibovice (ou Leibovici) son père né à Isaccia en Roumanie le 10 mai 1888 et Freida Herscoviciu sa mère. Il vit aussi avec ses trois frères et sœur : Samuel né le 13 juillet 1924, Marcel né le 11 août 1930 et Berthe (née à une date inconnue).
Les débuts de la Seconde Guerre mondiale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la famille d’origine roumaine vit donc en France. Si elle ne connaît pas l’occupation de la Roumanie par les pays de l’Axe, elle voit tout de même l’arrivée et l’installation des Allemands dans le nord de la France. Peut-être qu’Haimu et Freida ont gardé des liens avec des amis ou de la famille en Roumanie et suivent son histoire politique et militaire.
La guerre touche progressivement la famille Leibovice : son grand frère Samuel est déporté le 25 mars 1943 de Drancy à Sobibor avec le convoi 53. Puis, Le 20 juillet 1944, Gaston est arrêté avec son frère Marcel depuis la rue Secrétan (qui sert de lieu d’accueil pour les juifs avec un centre de l’UGIF), alors qu’il est encore un « écolier, en vacances d’été ». Il va bientôt avoir 13 ans. Gaston est arrêté à cause de sa religion juive. Les nazis pensent que des personnes comme les juifs, les tziganes ou les homosexuels sont des personnes qui ne méritent pas de vivre. L’Allemagne nazie occupe la France et le maréchal Philippe Pétain (chef de l’État Français) livre la plupart des juifs aux nazis. Les nazis arrêtent, internent et déportent des juifs français vers des camps de concentration et centres de mise à mort. D’après les nazis, comme Gaston est juif, il doit être arrêté pour raison raciale. Depuis 1942 en France, il subit déjà l’antisémitisme par l’obligation de porter une étoile jaune sur ses vêtements.
1944 : l’arrestation, la déportation et la mort de Gaston
Après son arrestation, Gaston est interné le 22 juillet 1944 dans le camp de Drancy, près de Paris, sans pouvoir prendre beaucoup d’affaires personnelles. Il y retrouve son père qui y est interné depuis le 19 juillet, arrêté à leur résidence familiale au 5 cité Lesage Bullourde. Drancy dispose d’un camp qui est établi par les nazis en août 1941 afin d’y interner plus de 42 000 juifs qui habitent à Paris. En 1942, Drancy est le principal camp de transit pour les juifs déportés depuis la France. Voici une photographie des détenus de Drancy (en décembre 1942) :
Le 31 juillet 1944, Gaston est déporté avec son père Haimu et son frère Marcel de Drancy pour le camp de concentration et centre de mise à mort de Auschwitz. Ils sont dans le convoi 77. C’est le dernier convoi envoyé de Drancy à Auschwitz. Il compte 1306 personnes, de 20 nationalités différentes. Il n’est pas vraiment envoyé en Allemagne : en réalité, Gaston est envoyé plus loin, puisque Auschwitz est situé plus loin, dans la Pologne occupée par l’Allemagne nazie. Là, les déportés doivent travailler ; les personnes âgées et les enfants sont assassinées dès leur arrivée par le gaz. C’est le centre de mise à mort le plus important. Il rassemble des tziganes, des prostituées, des homosexuels, des handicapés, des juifs et certains résistants capturés. Une grande partie des détenus, s’ils ne sont pas tués dès leur arrivée, meurt de faim, de froid, de maladies (mauvais traitements, manque d’hygiène). Comme il est encore un enfant, Gaston est assassiné très certainement le jour même de son arrivée à Auschwitz, le 5 août 1944. C’est la date indiquée sur son acte de décès le 18 janvier 1947.
Après la guerre : les recherches de Freida et de Berthe sur Gaston
Seules Freida et Berthe survivent à la guerre, elles ne sont pas déportées. Le 16 juillet 1946, Freida fait une demande de renseignement sur son fils Gaston, à la mairie de Paris. Elle demande également qu’on reconnaisse sa déportation. Dans son dossier, Monsieur Cauziales, concierge, écrit une lettre depuis Paris pour confirmer que Gaston a bel et bien habité à Paris, dans la cité Lesage Bullourde, bâtiment 5, location n°16, de juillet 1942 à juillet 1944. En 1953, Berthe fait une demande pour reconnaître le statut de déporté politique de Gaston. Elle habite alors au 94 rue de Charonne, toujours dans le XIème arrondissement de Paris. Berthe décrit ainsi les circonstances de son arrestation : « après l’arrestation de son père, [Gaston est] réfugié sur conseil de l’UGIF avenue Secrétan, d’où il est déporté et arrêté avec d’autres enfants et son frère le lendemain ». Gaston a donc fait un très court séjour rue Secrétan, entre le 19 et le 20 juillet 1944, qui a précipité sa propre arrestation.
La République française attribue à Gaston Leibovice le titre de déporté politique le 30 janvier 1956. Sa sœur Berthe en est directement informée. Le numéro de sa carte est le 1.1.75.08652. Être « déporté politique » sert à avoir une pension de victime civile de la guerre : l’État paie une retraite, indemnise la perte de biens et accorde une « médaille de la déportation et de l’internement ».
Sources
- SHD, 21 P 475 329, Dossier n° 24 056 de Gaston Leibovice.
Liens
- https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=gaston%20leibovice&spec_expand=1&start=0
- https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=leibovice&spec_expand=1&start=3
- https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=samuel%20leibovice&spec_expand=1&start=0
- https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=marcel%20leibovice&spec_expand=1&start=0
- https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/gallery/romania-maps
- https://museeholocauste.ca/fr/objets/etoile-jaune-george-ehrman/
- https://www.france24.com/fr/france/20220529-il-y-a-80-ans-le-marquage-des-juifs-par-l-%C3%A9toile-jaune-en-zone-occup%C3%A9e
- https://convoi77.org/histoire-et-composition-du-convoi/
- https://drancy.memorialdelashoah.org/le-memorial-de-drancy/qui-sommes-nous/histoire-de-la-cite-de-la-muette.html
- https://www.yadvashem.org/fr/expositions/convoi-1-france-1942/intro.html
- http://www.enseigner-histoire-shoah.org/outils-et-ressources/lexique/auschwitz.html
- https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9daille_de_la_d%C3%A9portation_et_de_l%27internement_politique
Les biographies de déportés réalisées par les élèves du Collège Fernand-Léger, Vierzon (18100), avec leur professeure d’histoire-géographie, Mme Mahieu
- Marie BACRY
- Joseph CHERESS
- Noma CZARKA
- Isidore GELBCHAR
- Paul GEVERTZ
- Henri HOCHBERG
- Jacques HOLZ
- Gaston LEIBOVICE
- Myriam SONNENBLICK
- Daniel STEPANSKI
- Sarah KOURORIEZ
This biography of Gaston LEIBOVICE has been translated into English.