Isidore GELBCHAR

1935-1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: ,

Isidore GELBCHAR

3e Queen avec Mme Floride Mahieu. Année scolaire 2021-2022.
(Pour lire les documents au format original, il suffit de cliquer sur les images)

Introduction : quelles méthodes de recherches ?

Pour rédiger la biographie d’Isidore Gelbchar, les 3e Queen du collège Fernand-Léger de Vierzon se sont d’abord renseignés sur l’association Convoi 77 puis ont lu toutes les archives transmises par l’association. Ils se sont ensuite répartis par groupes des thèmes, qu’ils ont eux-mêmes définis : la jeunesse, la déportation et la mémoire d’Isidore Gelbchar. Ils ont aussi choisi de rédiger leur biographie sous un format historique et scientifique, sans romancer ou inventer des moments de sa vie. Nous avons également reçu d’autres archives grâce à l’Holocaust Memorial Museum (Washington). Enfin, le 2 mai 2022, Henri Rosenfarb, le cousin de Jacques Holz, un déporté du convoi 77 étudié par une autre classe de l’établissement, est venu au collège pour présenter ses recherches.

« Des collégiens face au drame de la Shoah », Le Berry Républicain, 3 mai 2022.

Pour les oraux au DNB (Diplôme national du brevet), les élèves de la classe ont été nombreux à présenter ce sujet, leurs recherches, ce qu’ils ont appris et ressenti. Voici le résultat de leur travail.
Mme Mahieu, professeure d’histoire-géographie, année scolaire 2021-2022

1. La naissance et la famille d’Isidore Gelbchar à Nancy

Isidore Gelbchar est né le à Nancy (Meurthe-et-Moselle) le 8 février 1935, dans une famille de confession juive. Il est le fils de Srojzeck Glebchar et de Mincha Wladiminska[1] (née le 19 juillet 1904 à Sosnivice en Pologne)[2]. À sa naissance, il n’a pas tout de suite la nationalité française : ce n’est qu’après une déclaration du 16 mai 1939 qu’il l’obtient[3]. Il habite d’abord au 1 rue de la Hache à Nancy, en Meurthe-et-Moselle. Voici la situation de Nancy en France :

La situation de Nancy en France (Googlemaps)

Il est sûrement le petit frère de Léon Gelbchar (né le 19 octobre 1932 à Nancy, habitant aussi à la rue de la Hache)[4].
Cependant, avec la Seconde Guerre mondiale, la Meurthe-et-Moselle subit une occupation militaire[5]. Pendant ce conflit et à cause de la collaboration du régime de Philippe Pétain avec l’Allemagne nazie, les juifs français connaissent le même traitement que les juifs allemands. Ils sont emprisonnés et déportés vers les camps de concentration ou centres de mise à mort. Ainsi, 76 000 juifs, dont plus de 11 000 enfants, sont déportés par les nazis et assassinés[6]. Nous avons retrouvé une photographie de la rue de la Hache pendant la Seconde Guerre mondiale :

L’angle de la rue de la Hache et de la rue Saint-Dizier le 15 septembre 1944[7]

2. Le déménagement pour Sanxay et la déportation progressive de sa famille

C’est sûrement à cause de la proximité de Nancy avec l’Allemagne et de l’occupation allemande en France qu’Isidore et sa famille partent pour Sanxay, dans la Vienne, qui est le « dernier domicile légal » connu d’Isidore[8].

La situation de Sanxay en France (Googlemaps)

Cependant, Isidore est séparé à l’âge de 7 ans de sa mère, aussi appelée Minicha Gelbschar, puisqu’elle est déportée le 6 novembre 1942 avec le convoi 42 de Drancy à Auschwitz[9].

3. La déportation d’Isidore

Isidore Gelbchar est une des nombreuses victimes de l’antisémitisme durant le régime totalitaire d’Hitler. Il est interné à Drancy au nord-est de Paris le 22 juillet 1944, dans un camp alors qu’il n’a que neuf ans. Puis il quitte Drancy le 31 juillet 1944 pour Auschwitz avec le convoi 77, dans l’actuelle Pologne. Son frère, Léon, âgé de douze ans, est avec lui[10]. Leur départ est précipité par l’arrivée des Alliés vers la capitale française[11].
Nous pouvons dire que les conditions de transport et d’arrivée étaient très difficiles, parce que toutes les personnes déportées étaient regroupées les unes sur les autres et qu’avec d’autres témoignages, nous avons pu comprendre que la vie à Auschwitz était atroce. S’il est arrivé vivant, il a peut-être été inspecté par un médecin pour déterminer ses conditions physiques. On sait qu’en arrivant à Auschwitz, le convoi 77 rassemblait 986 hommes et femmes et 324 enfants, soit 1310 personnes. 836 personnes ont été tout de suite dirigées vers les chambres à gaz. Isidore en faisait peut-être partie.
Isidore Gelbchar est déclaré mort le 5 août 1944, par jugement[12], deux jours après l’arrivée au camp d’Auschwitz.

4. La reconnaissance de la déportation d’Isidore

Après sa mort, on peut suivre différents documents administratifs qui cherchent à retracer son parcours entre les années 1950 et 1970. Ainsi, en 1958, un jugement déclaratif de son décès est prononcé à la mairie de Sanxay. Le 21 octobre 1970, le ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre demande une nouvelle la confirmation de son décès ; la mairie de Sanxay lui donne dans une réponse par courrier le 27 octobre 1970[13].
Le 16 août 1972, Isidore Gelbchar obtient la mention de « Mort pour la France », qui est ajoutée à son acte de décès à Sanxay le 19 août 1972.

Tampon indiquant qu’Isidore Gelbchar est « Mort pour la France »[14]

Inscription manuscrite avec tampon avec le statut « Mort pour la France »[15]

Cette mention est attribuée lorsqu’un décès est imputable à un fait de guerre, survenu pendant le conflit ou ultérieurement[16]. Isidore a obtenu la mention « Mort pour la France » après son décès car il est mort pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) qui a la compétence d’instruire les demandes d’attribution de la mention « Mort pour la France ».
D’autres documents parlent de la mention de « déporté politique ». Ainsi, le 28 avril 1972, dans un courrier du chef du bureau des cartes de déportés et internés, il y est souligné en rouge que « la qualité de Déporté Politique aurait pu être reconnue à Monsieur GELBCHAR Isidore »[17] et dans une « fiche analytique », il est écrit qu’il « l’aurait été (D.P.) si une demande avait été faite »[18].

Possible reconnaissance du statut de « Déporté Politique » d’Isidore Gelbchar[19]

Qualification de « D.P. » d’Isidore Gelbchar[20]

Nous ne savons pas s’il l’a finalement obtenue, mais cela aurait pu être une seconde reconnaissance, après la mention de « Mort pour la France ».
Isidore Gelbchar est inscrit sur le Mur des Noms dans le mémorial de la Shoah de Paris. Ce mémorial trouve son origine pendant la guerre, avec la création dans la clandestinité d’un fonds d’archives visant à rassembler les preuves de la persécution des Juifs[21]. Sur ce mur, on peut lire une liste de noms et prénoms de chaque déporté. Il est écrit à côté l’année de naissance.

L’inscription d’Isidore Gelbchar sur le Mur des Noms (Mémorial de la Shoah, Paris)[22]

Pour conclure, voici une reconstitution illustrée de la famille Gelbchar que nous avons réalisée :

Arbre généalogique de la famille proche d’Isidore Gelbchar

Sources

[1] SHD, 21 P 255584, Mairie de Sanxay, transcription du jugement déclaratif de décès de Gelbchar Isidore du 27 octobre 1970 (acte n°2 de l’année 1958).
[2] « Minicha Gelbschar », Mémorial de la Shoah.
https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=mincha&spec_expand=1&start=2 (site consulté le 18 juin 2022).
[3] SHD, 21 P 255584, couverture du dossier de décès d’Isidore Gelbchar.
[4] « Léon Gelbchar », Mémorial de la Shoah. https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=gelbchar&spec_expand=1&start=1 (site consulté le 18 juin 2022).
[5] Pour suivre l’histoire de Nancy durant la Seconde Guerre mondiale, consulter ce site : http://www.ajpn.org/commune-Nancy-en-1939-1945-54395.html
[6] « Les Juifs de France dans la Shoah », Mémorial de la Shoah. https://www.memorialdelashoah.org/archives-et-documentation/quest-ce-que-la-shoah/juifs-de-france-shoah.html
[7] « Nancy : septembre 1944, la libération de la ville », L’Est Républicain, 10 septembre 2019. https://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2019/09/10/photos-nancy-septembre-1944-la-liberation-de-la-ville (site consulté le 18 juin 2022).
[8] SHD, 21 P 255584, Constat du décès d’Isidore Gelbchar par le tribunal de Poitiers auprès du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre le 10 mars 1958.
[9] « Minicha Gelbschar », Mémorial de la Shoah.
https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=mincha&spec_expand=1&start=2 (site consulté le 18 juin 2022) ; « Liste, non datée, de Juifs déportés et fusillés, établie par la préfecture de la Vienne », Mémorial de la Shoah ». https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=id:618336 (site consulté le 18 juin 2022).
[10] « Léon Gelbchar », Mémorial de la Shoah. https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=gelbchar&spec_expand=1&start=1
[11] « Histoire et composition du convoi », Convoi 77. https://convoi77.org/les-deportes/histoire-du-convoi/ (site consulté le 18 juin 2022).
[12] SHD, 21 P 258433, couverture du dossier de décès d’Isidore Gelbchar.
[13] SHD, 21 P 255584, Constat du décès d’Isidore Gelbchar par le tribunal de Poitiers auprès du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre le 10 mars 1958 ; Mairie de Sanxay, transcription du jugement déclaratif de décès d’Isidore Gelbchar effectuée le 27 octobre 1970.
[14] SHD, 21 P 255584, couverture du dossier d’Isidore Gelbchar.
[15] SHD, 21 P 255584, Fiche analytique d’Isidore Gelbchar.
[16] « Mention « Mort pour la France » », ONACVG. https://www.onac-vg.fr/demarches/mention-mort-pour-la-france (site consulté le 18 juin 2022).
[17] SHD, 21 P 255584, Lettre du Chef du Bureau des cartes de déportés et d’internés à Paris le 28 avril 1972 au Chef du 1er Bureau État-civil recherches et successions de Paris.
[18] SHD, 21 P 255584, Fiche analytique d’Isidore Gelbchar.
[19] SHD, 21 P 255584, Lettre du Chef du Bureau des cartes de déportés et d’internés à Paris le 28 avril 1972 au Chef du 1er Bureau État-civil recherches et successions de Paris.
[20] SHD, 21 P 255584, Fiche analytique d’Isidore Gelbchar.
[21] « Découvrez le Mémorial de la Shoah depuis chez vous », Mémorial de la Shoah. https://www.memorialdelashoah.org/decouvrez-le-memorial-de-la-shoah-depuis-chez-vous.html (site consulté le 18 juin 2022).
[22] « Isidore Gelbchar », Mémorial de la Shoah. https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?qt=dismax&q=gelbchar&start=2&rows=1&fq=diffusion%3A%28%5B4%20TO%204%5D%29&from=resultat&sort_define=&sort_order=&rows= (site consulté le 18 juin 2022).

This biography of Isidore GELBCHAR has been translated into English.

Les biographies de déportés réalisées par les élèves du Collège Fernand-Léger, Vierzon (18100), avec leur professeure d’histoire-géographie, Mme Mahieu

Contributeur(s)

Ambre, Erençan, Clémence, Rémi, Solène, Siméo, Titouan, Owen, Timéo, Max, Madison, Benjamin, Chloé, Léonore, Suzon, Julien, Jeny-Lee, Camille, Lou, Andréa, Corentin, Leny, Clara, Agathe, Benjamin (3e Queen, Collège Fernand-Léger, Vierzon, 2021-2022).

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